Comme toujours, je ressors - je suis obligé de ressortir, comme à chaque publication d'un nouvel album de Buck Danny - mon discours sur l'orthographe et les règles d'écriture, ponctuations, etc.
Dans le cadre de la grande série Buck Danny éditée par le grand éditeur Dupuis, on pourrait s'attendre à un sans-faute, vu que du temps de Jean-Michel Charlier, grand littéraire et amoureux de la langue française, il n'y avait quasiment jamais de fautes dans ses scénarios. D'une part parce qu'il ne faisait lui-même que rarement des fautes, et d'autre part parce que Dupuis et le journal
Spirou avaient un service de correction efficace.
Qu'il y ait, dans l'ensemble d'un album de 46 planches, deux ou trois petites fautes, surtout sur des points particuliers et difficiles, ça passe. Nul n'est parfait (bien qu'autrefois, Buck Danny, c'était quasiment irréprochable à ce niveau). Mais qu'il y ait de nombreuses fautes, dont certaines impardonnables, ça ne passe pas.
En voici quelques-unes relevées dans ce tome 56.
D'abord, des considérations d'ordre général :
- tous les noms de bateaux doivent être signalés par la typographie, d'une manière ou d'une autre : entre guillemets, ou en gras, ou en italique, etc. Or, dans l'album, les noms de bateaux (
Ronald Reagan,
Charles de Gaulle...) ne le sont pas. Il faut signaler les noms de bateaux pour une raison, entre autres : pouvoir distinguer, comme dans le cas présent, le nom du bateau du nom de la personne éponyme ; si on dit : "Ronald Reagan a été baptisé", il faut savoir si on parle du bateau ou du président des USA ; si on parle de Charles de Gaulle, il y a le bonhomme, il y a le porte-avions, mais aussi un aéroport international, une place de Paris, etc. ; au moins le nom du bateau est signalé par une caractéristique typographique, si le scripteur prend soin de mettre le nom entre guillemets (ou en gras, etc.). A noter que JM Charlier et V Hubinon ne manquaient pas de le faire dans leurs propres albums (en mettant ces noms de bateaux entre guillemets).
- dans cet album, il est question d'un avion Hercules de la firme Lockheed. Un nom qui s'écrit avec un S final. Or, dans l'album, le nom est cité plusieurs fois, et il n'y a jamais de S... Pour ceux qui l'ignoreraient, Buck Danny est une série d'aviation militaire. Et elle a déjà mis en scène des avions Hercules (avec un S), comme dans l'épisode Alerte Atomique des mêmes Charlier et Hubinon, les créateurs.
- la ponctuation est approximative dans cet album. Souvent, il n'y a pas de point à la fin d'une phrase, ou pas de virgule là où il faudrait, etc. Parfois il y a une ponctuation inadéquate (planche 1, 2e image, après "
du bon côté", il faudrait deux points ( : ) et non une virgule), ou parfois, une ponctuation en trop (planche 14, 4e image, après "
aurez", il y a une virgule, or il n'y aucune raison qu'il y ait une virgule à cet endroit...).
- en principe, comme dans les BD en général, il faudrait un point sur les i et les j, de même qu'il y a, dans ces mêmes BD, des accents (é, è, etc.) et des accents circonflexes sur certaines voyelles, dont le i justement (ê, î, û, etc.). Mais avec le lettrage informatique, de nos jours, il n'y a plus de points sur les i dans les textes, et c'est le cas des derniers Buck Danny. Mais alors, pourquoi certaines bulles dans cet album, tome 56, ont des i avec un point ? Voir par exemple la première image de la planche 6. Pour une question d'harmonie et de cohérence, on met un point sur tous les i, ou aucun point nulle part.
- en principe encore, dans une BD (en tout cas dans les maisons d'édition qui font du bon boulot à ce niveau, et c'est rare, voire rarissime, et même inconnu de la plupart des maisons...), on ne coupe pas un mot en fin de ligne. Une BD est une oeuvre artistique, et le souci artistique doit être poussé jusqu'à la mise en place des lignes dans les bulles, au point de veiller à ce que ces lignes soient bien centrées sans qu'un mot soit coupé en fin de ligne). Or, dans cet album - mais il est loin d'être le seul -, certains mots sont coupés en fin de ligne (planche 9, 3e image ; planche 13, 8e image ; planche 15 (deux cas) ; etc.). Il y a d'autres règles - tacites - dans la mise en place des mots et des lignes dans une bulle, mais bon, je ne peux pas tout dire.
- des éditeurs et/ou des dessinateurs peuvent convenir que des bulles de choses pensées par les personnages sont écrites avec des lettres en italique, tandis que les bulles "parlées" sont écrites avec des lettres droites (ou vice versa, l'idée étant de distinguer visuellement les bulles pensées des bulles parlées). C'est le cas dans les albums de Buck Danny par Charlier et Hubinon, et c'est à peu près le cas dans cet album. Je dis "
à peu près" car - évidemment, il y a des exceptions qui sont sans doute des étourderies -, parfois c'est différent : on trouve dans ce tome 56 des bulles parlées avec des textes en italique. Pour une question, encore une fois, de cohérence, il faudrait appliquer la formule tout le temps et partout.
Maintenant, voyons quelques cas de méconnaissances orthographiques, d'étourderies et de curiosités (je ne cite pas tout, faute de temps, et parce que je ne suis pas là pour faire le boulot de Dupuis) :
Planche 1, 1e image (et dès le tout premier texte, ça commence bien...) : "
A deux cents miles des côtes antarctiques". En français, "miles" doit s'écrire avec deux L. Miles avec un seul L désigne la mesure terrestre qui vaut 1,6 km ; or, la scène montre des bateaux et nous sommes dans une série sur l'Aéronavale, et le mille marin (1,852 km), qui est de mise dans ce cas, s'écrit avec deux L.
2e image : outre la ponctuation qui manque après "
écrits dessus", l'expression "
traîneau à chien" oublie le S du pluriel à "
chien", vu qu'un traîneau a plus que rarement un seul chien pour le tirer... Idem pour la même expression, sans S à "
chien", dans la dernière image de la planche.
Planche 2, 1e image : "
Voilà le topo", dit Buck Danny. "
Voilà" s'emploie pour désigner quelque chose dont on vient de parler. Or, Buck va présenter quelque chose qu'il n'a pas encore dit ; il devrait dire : "
Voici le topo".
Planche 3, 1e image : "
Nouvelle Zélande" doit avoir un tiret (Nouvelle-Zélande).
Planche 7, 8e image : motif à discussions au sujet de "
degrés Celsius" : on doit dire "degrés centigrades". D'autant que "
degrés Celsius" n'est pas utilisé aux USA (les héros sont Américains) ; voir cette page :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Degr%C3%A9_Celsius
2e image : "
Qu'est-ce qu'on est venus fiche ici ?" Après "
venus", c'est obligatoirement un verbe à l'infinitif (exemples : "Qu'est-ce qu'on est venus
faire ici ?" "
Je suis venu te dire que je m'en vais" (chanson célèbre) ; etc.).
Planche 11, 1e image : "
Restez-là". Dans cette injonction à rester là, il ne faut pas de tiret : "Restez là". D'autant que dans la bulle suivante, Buck dit "
Reste là Sonny !", et cette fois, il n'y a pas de tiret (ce qui est normal) ; mais donc, pour la même formule, deux versions, à une case de distance... A noter que dans la seconde citation, il n'y a pas de virgule après "là", alors qu'il en faut une ; mais voir le paragraphe plus haut consacré aux virgules qui manquent...
Planche 16, 6e image : "
mes ordres (...)
place" : placeNT.
Planche 28, 3e image : "
remèd". Manque le E final.
Etc.