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Publié : dimanche 26 mars 2006, 0:37
par Merlock
cécile a écrit :Il me semble aussi, qu'ils ne sont pas russes mais je n'ai pas l'album chez moi. Par contre pour le titre, je suis sûre de moi.
C'est bien "Un avion n'est pas rentré", je confirme! :D

D'ailleur le zinc russe est identifié par Buck Danny comme étant un Tupolev. OK, mais quel modèle ? Moi il me fait furieusement penser à un... B-36 américain... :shock:

Publié : dimanche 26 mars 2006, 1:02
par cécile
Comme le Tu-160 russe ressemble furieusement au B1B américain...

Publié : dimanche 26 mars 2006, 1:05
par Merlock
cécile a écrit :Comme le Tu-160 russe ressemble furieusement au B1B américain...
Voui, mais j'ai jamais entendu parler d'un Tupolev qui ressemblat au B-36... :shock:

Publié : dimanche 26 mars 2006, 1:51
par JYB
Merlock a écrit :D'ailleur le zinc russe est identifié par Buck Danny comme étant un Tupolev. OK, mais quel modèle ? Moi il me fait furieusement penser à un... B-36 américain... :shock:
Je n'ai pas l'album sous les yeux et je ne me souviens que très vaguement de cet avion, mais je dirais que, si cet avion dessiné par Victor Hubinon n'est pas trop reconnaisable, ce ne serait pas la première fois qu'un dessinateur de BD d'aviation, même réaliste, crée de toutes pièces un avion imaginaire, en mélangeant deux vrais modèles différents, histoire de "noyer le poisson" et de ne pas à avoir représenter un appareil réel qui désignerait trop bien sa nationalité ou son origine (et aussi, pourquoi pas, pour une simple raison de manque de documentation, surtout à l'époque). Uderzo l'a fait à plusieurs reprises dans L'Ecole des Aigles, Danger dans le ciel et Canon Bleu ne répond plus.
Et ceci rejoint le thème de départ de cette discussion (la politique étrangère américaine à travers la série Buck Danny) car il est fort possible que Charlier et Hubinon (et précisément Hubinon à la demande de son scénariste Charlier) aient imaginé un avion inidentifiable histoire de ne pas désigner trop clairement les Soviétiques, ou les Chinois, ou que sais-je, selon les cas.

Publié : dimanche 26 mars 2006, 9:10
par Lima Bravo
cécile a écrit :Petite précision : Cindy trahit son pays, certes, mais contraite et forcée, pour le bien de sa fille mais pas par malhonnêté et/ou pour de l'argent... C'est une victime de Lady X...
De la même manière que le pilote américain (je n'ai plus son nom en tête.. Charlie ?) dans S.O.S. Soucoupes volantes...

Publié : dimanche 26 mars 2006, 9:17
par Lima Bravo
Merlock a écrit :D'ailleurs le zinc russe est identifié par Buck Danny comme étant un Tupolev. OK, mais quel modèle ? Moi il me fait furieusement penser à un... B-36 américain...
Je n'avais jamais fait attention, mais ce n'est pas faux du tout ! Quand j'étais gamin, je l'avais assimilé ? sans m'en rendre compte ? à un croisement entre le Tu-95 "Bear" et le Tu-16 "Badger"...

Publié : dimanche 26 mars 2006, 9:23
par Lima Bravo
Merlock a écrit :
cécile a écrit :C'est dans Un avion n'est pas rentré qu'un avion soviétique disparait brutalement. :wink:
Sauf que les pilotes ont plutôt des allures de Chinois ou de Nord-coréens!
J'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'un avion (de construction soviétique, of course !) nord-coréen qui violait l'armistice de Pan-Mun-Jon.
Heureusement que les Américains étaient là pour faire respecter le bon droit violé par les méchants communistes (redondance, à l'époque)...

Publié : dimanche 26 mars 2006, 13:53
par Merlock
Lima Bravo a écrit :Je n'avais jamais fait attention, mais ce n'est pas faux du tout ! Quand j'étais gamin, je l'avais assimilé ? sans m'en rendre compte ? à un croisement entre le Tu-95 "Bear" et le Tu-16 "Badger"...
Heu... dans mon souvenir ça tient plutôt du B-29+B-36, vu qu'il a des moteurs à hélices propulsives, comme le B-36 au nombre de 6, mais un nez et un poste de pilotage et des tourelles téléguidées qui évoquent surtout le B-29...
Lima Bravo a écrit :J'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'un avion (de construction soviétique, of course !) nord-coréen qui violait l'armistice de Pan-Mun-Jon.
Heureusement que les Américains étaient là pour faire respecter le bon droit violé par les méchants communistes (redondance, à l'époque)...
Ca se pourrait. Je crois me rappeller avoir lu il y a longtemps dans feu le magazine "Carnet de vol" (c'est dire l'âge) relatif au F-9F "Panther" qu'il y avait eu de sévère engagement aériens entre les F-9 de l'US Navy et des Mig-15 "nord coréens" (plus probablement soviétiques maquillés) durant la Guerre de Corée.

Et à ce sujet, l'article n'est plus très net dans ma mémoire, et je ne suis plus sûr, mais je crois qu'il y a eu des accrochages aériens "post armistice de Pan-Mun-Jon". Peut-être que cet épisode de Buck Danny y fait allusion... à vérifier, donc.

Publié : dimanche 26 mars 2006, 14:00
par Merlock
JYB a écrit :ce ne serait pas la première fois qu'un dessinateur de BD d'aviation, même réaliste, crée de toutes pièces un avion imaginaire, en mélangeant deux vrais modèles différents, histoire de "noyer le poisson" et de ne pas à avoir représenter un appareil réel qui désignerait trop bien sa nationalité ou son origine (et aussi, pourquoi pas, pour une simple raison de manque de documentation, surtout à l'époque)
Je penche pour le manque de documentation, puisque Buck le désigne nommément comme un "Tupolev", ce qui ne laisse place à aucune équivoque ni chance de "noyer le poisson": c'est un Rouge.

Pour "noyer le poisson" (que j'aime cette expression! :mrgreen: ) le scénariste aurait fait dire à Buck quelque chose comme "Hoo!! Un bombardier stratégique" , ou approchant. Mais n'aurait pas donné une désignation aussi précise...

Pour la petit histoire: les avions (imaginaires) des méchants dans l'école des aigles m'ont fait m'arracher les cheveux quant à 9-10 ans je lisais toutes les revues et encyclopédies de l'aviation de le but de les identifier enfin, avant de conclure qu'un avion monomoteur, évoquant le Mig-19 et pouvant opérait d'un porte-avions évoquant les bâtiment britanniques de l'époque n'existait tout simplement pas...

Merci

Publié : dimanche 26 mars 2006, 14:07
par ipsa
Un grand merci a tous pour vos reponses tres completes . Je ne manquerai pas de vous avertir des nouveau devellopements du projet :D .

@+

Publié : dimanche 26 mars 2006, 23:30
par laurent
Ce n'est pas en rapport indirect avec cette discussion, mais ça y est lié tout de même :
Le Message politique et social de la bande dessinée, sous la direction de Charles-Olivier Carbonell, IEP Toulouse/Privat, 1975
contient notamment les deux contributions suivantes :
La Politique étrangère de la France et le racisme dans les Chevaliers du Ciel, par Jean-François Lanot
Une Vision politique engagée : La Patrouille des Castors, par Arlette Laplaze et Huguette Simon

Publié : lundi 27 mars 2006, 0:14
par JYB
Merlock a écrit :Je penche pour le manque de documentation, puisque Buck le désigne nommément comme un "Tupolev", ce qui ne laisse place à aucune équivoque ni chance de "noyer le poisson": c'est un Rouge.

Pour "noyer le poisson" (que j'aime cette expression! :mrgreen: ) le scénariste aurait fait dire à Buck quelque chose comme "Hoo!! Un bombardier stratégique" , ou approchant. Mais n'aurait pas donné une désignation aussi précise...
Quand j'ai employé l'expression "noyer le poisson", je parlais d'une façon générale des astuces scénaristiques pour éviter d'avoir à désigner un type d'avion, une nationalité, un bord politique ou un pays réels. Dans le cas que tu cites, évidemment, on sait de quoi il retourne ; comme je l'ai précisé plus haut, je n'ai pas cet album de Buck Danny sous les yeux et ne me souviens pas du détail de la scène.

Publié : lundi 27 mars 2006, 0:45
par Antoine
Planche S288, Buck Danny nomme l'avion "Tu-26": il s'agit de son indicatif radio, même si l'avion est en effet désigné comme un Tupolev (8e case).

Mes recherches Google ne donnent rien pour le moment: pas de Tupolev hexamoteur...

Publié : lundi 27 mars 2006, 1:19
par Flettner
Bonjour,

Pour répondre aux différentes observations des intervenants. concernant l'album "Un avion n'est pas rentré" Victor Hubinon avait en réalité basé ses dessins du bombardier "Tupolev" sur un plan trois vues paru dans la revue RAF Flying Review qui était en 1954 avec Aviation Magazine ses principales sources de documentation d'alors.

Ce plan trois vues représentait le prototype du futur bombardier stratégique Tupolev Tu-95 "Bear" à hélices controrotatives, décrit par les renseignements militaires de l'époque.

Là encore, le nez de l'avion dessiné par Victor Hubinon n'était que celui inspiré par le Boeing B-29. Il m'avait précisé un jour au téléphone que tout simplement il s'était basé sur sa documentation disponible qu'il avait d'ailleurs utilisée pour l'album "Pilote d'Essai" notamment pour le largage du Bell XS-1 par un "Superfortress".

S'agissant de la nationalité de l'équipage, il n'est pas russe ni nord-coréen mais... chinois!

Rappelons qu'à l'époque, la Chine commençait à mettre en opération des Tupolev Tu-4 "Bull" (copie piratée du Boeing B-29 américain) et recevait leur armement exclusivement d'Union Soviétique.

Ceci étant, il y a également un détail qui a son importance. Dans les dialogue entre les pilotes des F9F "Panther ", à un moment donné en bas de page un pilote s'exclame dans un phylactère "Un Tupolev !" . Jean-Michel Charlier m'avait expliqué que la censure (d'obédience communiste, rappelons le) avait purement effacé cette phrase dans certaines éditions d'"Un Avion n'est pas rentré".

Enfin "last but no the least". Toute la scène montrant Buck Danny ramenant un pilote de "Panther" blessé et aveugle se poser sur le ventre à Hawaii, (si ma mémoire est bonne) est directement inspirée d'une scène d'un film de la Metro Goldwyn Mayer intitulé "Men of the Fighting Lady" datant de 1954 et sorti en France sous le titre "Escadrille Panthère". La scène en question est tirée quant à elle d'un fait de guerre authentique raconté dans un article (?The Case of the Blind Pilot,?par le Cdr Harry Burns paru dans le Saturday Evening Post en 1952) et survenu le 22 mars 1952 à l'Enseigne de Vaisseau Kenneth A. Schechter lors du retour d'une mission d'attaque au sol au Nord de Kowon (Corée du Nord) à bord d'un Douglas AD "Skyraider" de la flottille VF-194 stationnée sur le porte-avions USS "Valley-Forge" (justement le porte-avions à bord duquel sont embarqués Danny, Tuckson et Tumbler).

Evidemment, lorsqu'il m'a pris d'en parler à Jean-Michel Charlier lors d'un déjeuner, ce dernier avait esquissé un sourire quelque peu crispé, en démentant fermement s'être inspiré de ce film de 1954. Peut-être avait-il été vexé que je découvre une de ses sources d'inspiration. Il y avait rien de mal à cela, au contraire. Mais enfin bon, tout cela appartient désormais à l'histoire.

Flettner

Publié : lundi 27 mars 2006, 10:42
par juliet-fox
Lima Bravo a écrit :
Baptiste a écrit :Il y aurait sans doute quelque chose à dire des profils des "méchants" et adversaires: dictatures plus ou moins carnavalesques, états mafieux et potentats traditionnels, et "puissances étrangères" non nommées, mais plutôt nordiques (les noms des méchants d'"Opération Mercury/Les voleurs de satellites" sont plutôt scandinaves...
J'ai toujours été intrigué par le rôle accordé par Charlier dans ses scénarios aux pays scandinaves, et plus particulièrement à la Suède!

S'y ajoutait le fait que, comme l'écrit Baptiste, les "méchants" opérant pour leur compte ont plutôt des patronymes nordiques

La Suède serait-elle alors une métaphore de l'Union soviétique ? ...
C'est exactement comme cela que j'ai toujours perçu ces fameuses "dictarures carnavalesques" de JMC (visibles dans Tanguy, Buck Danny, Dan Cooper, Marc Dacier), avec ses généraux d'aviation aux tenues dignes d'Hermann Goering, et ses pilotes affublés de patronyme et prénoms nordiques (scandinaves ou balkaniques) et de mines patibulaires (surtout dans Tanguy et Laverdure, mais il s'agissait à mes yeux toujours du même ennemi) : comme une représentation métaphorique de l'ancien bloc de l'Est.
(Hergé avait eu recours quant à lui à la Syldavie et à la Bordurie)
JYB a écrit : il faudrait pouvoir retrouver les propos de Jean-Michel Charlier lui-même qui parlait de ses démêlés avec la censure dans les années cinquante. Il s'agit de la censure française, et JMC parlait de convocations par un certain M. Barbaride, dans un bureau d'un département ad hoc du ministère de la Justice, chargé de faire appliquer la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse (en clair : les BD).

Car ce n'est pas tant "le reflet de la politique étrangère américaine dans Buck Danny" qu'il faut analyser, mais plutôt la vision qu'en avait Charlier - à travers de simples oeuvres de fiction comme le rappelle Lima Bravo - et surtout la vision, déformée et/ou imposée par la censure, que Charlier devait coller dans ses scénarios - du moins tout le temps que cette censure eut assez d'autorité pour l'obliger à revoir sa copie... De toute façon, cette "pression" de la censure fut telle que Charlier se méfia longtemps de sujets délicats comme la guerre du Viet-Nam, 15 ans après celle de Corée.
Charlier, de son propre aveu, et à plusieurs reprises, a déploré avoir dû laisser de côté la Guerre du Vietnam, alors que ce conflit devait, toujours selon lui, fournir les meilleurs scénarios de Buck Danny.

Cette fameuse censure, avec du recul, apparaît d'autant plus incompréhensible : il ne semble pas en effet que ce fut pour des raisons d'ordre diplomatique que l'Union Soviétique n'était quasiment jamais mentionnée et les guerres de Corée et du Vietnam sujets tabou.
Car à la même époque, la littérature d'espionnage Française était florissante et la plupart des séries populaires mettaient en scène des agents secrets appartenant à des services de renseignements occidentaux (OSS 117, Coplan, SAS, etc... OSS, CIA, SDECE, MI5, etc...) et combattant ouvertement les menées subsversives du bloc de l'Est, allant souvent même jusqu'à intervenir derrière le Rideau de Fer pour mener à bien leur mission, sans que la censure s'en préoccupât. Et le cinéma Français ne fut pas en reste pour dépeindre la Guerre Froide ou des conflits modernes.

Seuls les auteurs d'oeuvres destinées officiellement à la Jeunesse semblent avoir donné lieu à ces brimades.

Et en ce sens, la loi de 1949 sur les publications destinées à la Jeunesse relève de l'absurdité totale : on interdit à Morris de dessiner une danseuse de saloon trop dénudée, on convoque JMC chez Monsieur Barbaride, pour préserver nos "chères têtes blondes" de toute pornographie ou de toute influence politique, alors que dans le même temps, devant un poste de télévision, le même gamin verra en famille (souvent de façon moins suggestive, drôle ou caricaturale) tout ce qu'on ne doit pas lui montrer dans un magazine ou un album de BD.

Mais grâce à des codes et astuces de narration spécifiques à la BD, la plupart des auteurs, à l'instar de JMC ou d'Hergé, sont parvenus à contourner l'obstacle.

Comme beaucoup de lecteurs, c'est essentiellement avec la lecture de l'épisode "Les Agresseurs" que j'ai senti un changement dans la série Buck Danny et pressenti que notre colonel affronterait moins de généraux d'opérette à l'avenir.