Page 1 sur 1

Coup de gueule

Publié : samedi 28 janvier 2012, 10:57
par pierre
Ci-dessous le post que j'ai mis sur le sujet "Le pilote à l'edelweiss".
Mais j'aimerais avoir l'avis des auteurs des éditions Zéphyr sur le sujet.




"J'ai besoin de passer un "coup de gueule", et je pense le mettre au bon endroit car je considère que les oeuvres de R.Hugault en ont été le précurseur à son insu.

J'ai acheté hier "Le pilote à l'edelweiss" et j'avais l'intention de passer une bonne soirée en lisant cette BD.
Cela a durée 30 minutes. Il n'y a rien a lire !

Certes les dessin de R.Hugault sont beaux (j'en convient et nous sommes nombreux à le penser) et chaque case est comparable à un tableau. Mais elles sont où les bulles ?
J'ai l'impression que le renouveau de la BD d'aviation dont il a été question lors de l'arrivée du talent de R.Hugault a été de changer la ligne éditoriale.
(Elle a même été poussée à l'extrême aux éditions Zéphyr)

Je m'explique :
- le dessin devient prioritaire par rapport au scénario ;
- si on a un petit bout d'histoire, on en fait 3 ou 4 albums. Cela permettra de soutirer plus d'argent aux lecteurs, heu non aux acheteurs.

Pour me garder comme lecteur, je me permets de donner conseil à ceux dont c'est le métiers (éditeurs et scénaristes) :
- aux éditeurs : arrêter de prendre les acheteurs pour des vaches à lait et laisser les scénaristes faire preuve de leur talent ;
- aux scénaristes : arrêter de vous prendre pour des Charlier et faites vos preuves en créant des "one shot". Pour faire référence à l'audiovisuel, je dirais créé des séries et non des feuilletons.


Vivement les prochains Missions Kimono, Buck Danny ou Tanguy et Laverdure.
"

Publié : samedi 28 janvier 2012, 15:39
par Jaj'Air one
Je ne suis pas auteur chez Zéphyr, mais je constate qu'on ne demande pas aux dessinateurs ou coloristes d'en faire moins, c'est déjà ça.. :roll:
Une fois de plus, les lecteurs ne sont pas des vaches à lait, ils sont libres d'acheter ou non..Qu'ils n'achètent pas s'ils sont mécontents, et vous verrez que ça fera réfléchir ceux qui sont à l'autre bout de la chaîne..

Re: Coup de gueule

Publié : samedi 28 janvier 2012, 20:25
par Frank
pierre a écrit : Vivement les prochains Missions Kimono, Buck Danny ou Tanguy et Laverdure.[/i]"
J'approuve !!! :D

Publié : samedi 28 janvier 2012, 20:29
par Jaj'Air one
J'ajouterai juste que, lorsqu'on donne un pouvoir de décision à des personnes dont la culture littéraire se limite à l'étiquette de leur bouteille de pastis ,sous prétexte qu'ils financent un projet, il ne faut pas s'étonner si une bulle contenant plus de 50 lettres et une planche 10 bulles sont considérés comme "trop intello"...
Cet avis n'engage que moi, naturellement. :)

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 8:23
par Kimono37
Je pense également la même chose :x

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 9:38
par Raymond
Kimono37 a écrit :Je pense également la même chose :x
Voila ce que je disais, sur un autre post, et en réponse à une intervention similaire :

"Or, moi, qui persiste à dire qu'une bande dessinée doit être dessinée avec talent, je reconnais que si le scénario ne tient pas la comparaison, il y a un manque, les deux allant de pair.
Les deux arts doivent être à 50/50 sinon il y a déséquilibre dans le produit !
Et c'est quand même le dessinateur qui parle en ce moment ....."


Le scénario est là pour justifier l'image, et l'image est là pour concrétiser le scénario !
Il fut un temps où la lecture d'une BD n'était pas toujours aisée à cause de textes riches mais parfois lourds à digérer (E.P.Jacobs).
Entre temps de nombreux auteurs, Jean Michel Charlier par exemple, avaient trouvé un équilibre acceptable par n'importe qui, et le tout avec une inventivité sans égale.
C'est un peu cet équilibre qui disparait, peu à peu, dans beaucoup de productions actuelles s'appuyant essentiellement sur l'art exceptionnel de certains dessinateurs, au point de prendre le pas sur le fond de l'histoire.....

Raymond

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 14:39
par wallace
Bonjour, je permets d'intervenir pour répondre à ce coup de gueule. Je scénarise actuellement quelques séries chez Zéphyr et j'ai aussi d'ailleurs scénarisé une série aux éditions paquet il y a quelques années.
je n'ai pas la renommée de Yann, et encore moins celle de Charlier mais je pense pouvoir tout de même répondre légitimement sur ce sujet.
Pour moi, d'abord, il y a deux façons d'aborder les choses :
soit un scénariste se met au service d'un dessinateur en rapport à sa qualité de dessin, comme cela semble être plutôt le cas avec le duo yann/hugault, soit, le dessinateur se met au service d'une histoire, donc du scénario.
les deux visions sont valables à mon sens, tout dépend de la relation qui peut exister entre les deux auteurs, et l'objectif voulu.
pour ma part, il est évident que le scénario a une part prépondérante dans la qualité d'un album ou d'une série. maintenant, un bon scénario ne se compte pas au nombre de bulles. Je suis fan de charlier, qui à mon sens, est un des plus grands scénaristes du monde de la bd, mais, il est vrai aussi que certains textes trop explicatifs nuisent aussi à la fluidité de la narration et parasitent parfois le dessin.
il faut un équilibre entre les deux.
Je trouve aussi plaisant et important que le dessinateur puisse se faire plaisir sur des planches où la narration graphique prenne le pas sur les textes.
Je ne suis pas un grand spécialiste de la BD aéro, mais , je commence un peu à comprendre ce que recherche les amateurs.
pour moi il y a deux catégories, les fans, purs et durs, à la recherche d'une histoire pleine de scènes aéro et techniques, public plus branché aviation moderne.
Et les autres, que je croise souvent dans les salons BD, qui recherchent un ensemble, histoire + dessins propres, avec une crédibilité historique et une cohérence technique.
D'où l'importance dans ce genre de BD, d'un travail scénaristique précis et assez dense.
Voilà, j'ai été un peu long, je pense qu'il y a peu de négligence sur les histoires de la part des scénaristes, après on n'adhère ou pas.
Et, pour conclure, je n'ai pas été moi-même emballé plus que ça par le pilote et l'edelweiss, mais ce n'est pas un mauvais livre non plus.
Cordialement
Wallace

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 15:54
par JYB
Une BD, bonne ou mauvaise, ne se jauge pas au nombre de bulles... Il peut y avoir de très bonnes histoires avec peu de bulles, ou avec plein de bulles, comme il peut y avoir de mauvaises histoires, avec ou sans bulles. Ca n'a rien à voir. Sinon que de bons dialogues ou de bons textes peuvent mieux faire passer une histoire ou une scène, et que des dialogues tournés comme il faut peuvent rendre une histoire exaltante et qui "accroche".
Venons-en à l'essentiel : Jean Gabin parlant du cinéma (mais d'autres dans l'industrie du cinéma l'ont dit aussi), et Franquin ou Hergé, je ne sais plus lequel des deux, et moi-même aussi, parlant de BD, disons avec force que pour faire un bon film, une bonne BD, il faut trois éléments :
1) une bonne histoire,
2) une bonne histoire,
3) une bonne histoire.
Une fois qu'on a cette base-là, un très grand pas est fait - car c'est LA base indispensable.
Par ailleurs, j'ai déjà dit ici, et je le dis partout où je peux, mon équation personnelle, établie avec l'expérience, en tant que lecteur d'une part, et en tant que scénariste d'autre part : dans une BD, si on donne une note de 1 à 20 au dessin, et, séparément, une note de 1 à 20 au scénario, la note du scénario doit être un poil supérieure à celle du dessin. Donc, à un excellent dessin, il faut impérativement un excellent scénario dont la note dans l'absolu soit supérieure à celle, dans l'absolu, du dessin. Je répète que c'est juste ma réflexion personnelle. J'ai peut-être faux...
Tout ceci dit d'une façon générale sans citer aucun auteur, éditeur ou série.

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 15:59
par Baptiste
Je me permets d'intervenir à mon tour, avec une question: pourquoi poser la question aux éditions Zéphyr? Romain publie chez Paquet. A moins que la question/le coup de gueule soit plus général, et englobe ces deux (relativement) nouveaux venus que sont Zéphyr et Paquet dans la BD aviation grand public?

Sur le fond, je ne partage pas vraiment l'accusation si on la considère non comme la déception par rapport à un album particulier, mais comme un procès plus global des évolutions de la BD. Je pense que le tandem Hugault-Yann développe un style assez spécifique de narration autour d'intrigues sentimentales avec un rythme assez lent, des grandes (et belles) cases et des ellipses et une sorte de progression "par tableaux" (on trouve déjà cela dans Le Grand duc). On aime ou on n'aime pas, je n'ai aucun problème avec cela (et comme je l'ai dit récemment dans un autre fil: le lecteur a le droit d'avoir toutes les opinions qu'il veut selon les critères qu'il souhaite). Mais je pense comme Wallace (EDIT: ou JYB, qui est intervenu pendant que j'écrivais) que que ce serait une erreur de considérer que la qualité "marchande" (au sens ou le lecteur "en aurait pour son argent") d'une BD (ou de n'importe quel récit) reposerait objectivement sur le nombre de bulles, de cases ou de péripéties. On peut être infiniment ému par une non-histoire où il ne se passe pas grand chose, comme déçu ou agacé par un album qui en fait trop. Plus n'est pas nécessairement mieux, tout comme pas grand chose n'est pas nécessairement intéressant.

Enfin, si on prend du recul, il me semble que les "modèles" (comme Charlier), que (je pense) nous apprécions tous, correspondent aussi à une phase historique de la BD assez marquée: les années 50 et 60, avec de la grande aventure pour jeune public sans être mièvre (one st dans la BD "sérieuse" pour jeunes), sous forme de feuilletons d'aventures plus ou moins exotiques avec des rebondissements à toutes les pages et, dans l'ensemble, assez "bavards". Mais depuis les années 1970, la BD a considérablement évolué: elle s'est diversifiée, elle s'est adressée à de nouveaux publics, les auteurs ont éclaté les cadres et réinventé d'autres codes, les auteurs qui ont émergé ont développé leur sens graphique et/ou narratif au contact d'autres références. Et je ne parle même pas du tournant des années 2000 avec l'autofiction, les projets minimalistes, le roman graphique, le retour du noir et blanc, les projets plus abstraits ou esthétiques que narratifs, etc. Sans dire ?ou même penser? que la BD "à la Charlier" serait ringarde (personnellement, je suis fan, et il y a des auteurs qui perpétuent ou réinventent cette tradition, on en a cité), je pense qu'il est plus juste de situer et interpréter les productions du tandem Hugault-Yann dans la BD des années 2010, et non dans le contexte des années 60.

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 17:36
par Deltafan
Ouais, ben j'attendrai d'avoir lu (plus qu'une dizaine de jours d'attente avant mon raid strasbourgeois). Me rappelle la parution du deuxième tome du Grand Duc, et certains commentaires négatifs que j'avais lu ici, avant de visionner quelque chose d'assez différent et positif (selon mon point de vue), quand j'ai finalement eu l'objet dans mes mains...

Sinon, j'ai rarement été déçu par les dessins de BD aviation, même si, c'est certain, un dessin agréable à l'oeil ne peut être qu'un plus. En revanche, côté scenar, ça n'a pas toujours été le cas, et je suis, très, d'accord avec ceux qui le privilégient. Me rappelle en BD fantastique/SF Krann le guerrier, merveille graphique - néant scénaristique; Le mercenaire de Segrelles (pompé par Star Wars dans L'attaque des clones) ou, pareillement, j'ai arrêté de suivre because histoires simplissimes au milieu de tableaux extraordinaires, ou encore les oeuvres du maître espagnol Juan Gimenez, dont plus aucune ne figure dans ma BD-thèque, pour des raisons du même genre...

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 19:45
par Raymond
Baptiste a écrit :Je me permets d'intervenir à mon tour, avec une question: pourquoi poser la question aux éditions Zéphyr? Romain publie chez Paquet. A moins que la question/le coup de gueule soit plus général, et englobe ces deux (relativement) nouveaux venus que sont Zéphyr et Paquet dans la BD aviation grand public?
C'est Pierre qui a lancé le débat chez Paquet et l'a doublée ici chez Zéphyr, en le spécifiant dans son intervention !
Baptiste a écrit : Enfin, si on prend du recul, il me semble que les "modèles" (comme Charlier), que (je pense) nous apprécions tous, correspondent aussi à une phase historique de la BD assez marquée: les années 50 et 60, avec de la grande aventure pour jeune public sans être mièvre (one st dans la BD "sérieuse" pour jeunes), sous forme de feuilletons d'aventures plus ou moins exotiques avec des rebondissements à toutes les pages et, dans l'ensemble, assez "bavards". Mais depuis les années 1970, la BD a considérablement évolué: elle s'est diversifiée, elle s'est adressée à de nouveaux publics, les auteurs ont éclaté les cadres et réinventé d'autres codes, les auteurs qui ont émergé ont développé leur sens graphique et/ou narratif au contact d'autres références.
Pour ne pas me limiter à l'aspect BD aéronautique uniquement, je pousserai ce raisonnement au moins jusqu'au milieu des années 90 dont les séries de Van Hamme (XIII et Largo Winch) participent de la même forme de construction, alors qu'une autre forme de BD plus moderne, plus novatrice (on aime ou on aime pas) commençait parallèlement à s'implanter.
Jusque là Buck Danny tenait seul le haut du panier aéronautique tout en étant du même classicisme que du temps de Charlier.

La nouvelle BD aéronautique telle celles de Romain et Yann (plus esthétiques), ou celles de chez Zéphyr (team rafale et les suivantes) ne sont apparues que pendant les années 2000 et apportaient cette forme plus visuelle et ....musclée !

Raymond

Publié : dimanche 29 janvier 2012, 20:15
par Baptiste
Raymond a écrit :C'est Pierre qui a lancé le débat chez Paquet et l'a doublée ici chez Zéphyr, en le spécifiant dans son intervention !
Je précise que je n'ai pas de souci avec la question, qui me semble légitime, mais comme il la posait dans le topic "Collection Cockpit" (éditions Paquet), je me demandais s'il n'y avait pas une confusion! :wink:

hum...

Publié : lundi 13 février 2012, 13:48
par BA106
j'ai toujours du mal à juger un livre, un film ou une piéce de théâtre sur 1/3 de son contenu. en fin d'année nous en saurons plus (le tome 2 est annoncé pour novenbre 2012).