Planches de Hubinon

[charles]

Sans m'étendre sur la vie privée des auteurs que je respecte, mon père avait sû par des relations professionnelles que leur maladie était dûe en partie au tabagisme. HS terminé
Mea culpa pour le mélange Bourgne-Perissin; fallait vraiment que le scénario soit à des années lumières de Barbe-Rouge pour qu'il soit refusé vu qu'ils ont bien accepté ceux de Perissin.

[juliet-fox]

Je me réjouis de voir que nous sommes pratiquement tous d'accord à propos de l'immense talent d'Hubinon. Comme l'a souligné JYB, avec plus de 80 albums et notamment à travers les deux principales séries (Buck Danny et Barbe Rouge) qu'il a menées jusqu'à la fin des années 70, on peut affirmer que ses admirateurs ne sont pas exclusivement des nostalgiques des années 50. (la grande série Buck Danny restitue parfaitement l'ambiance des années 40, 50, comme celle des années 60 et également celle des années 70 (cycles des Anges Bleus et de la lutte anti-maffia) pour s'en tenir aux épisodes illustrés par Hubinon.

Bien que Charlier n'en fût pas le scénariste et que la bande fût publiée dans Spirou (Dupuis), on peut regretter que "La Mouette" n'ait pas trouvé une petite place au sein de l'intégrale "Barbe Rouge" éditée par Dargaud.
Je crois me souvenir qu'à l'instar de la trilogie du cycle anti-maffia, les planches ne comprenaient plus que trois bandes (au lieu de 4 pour les épisodes de Barbe Rouge).
On peut être réservé sur ce choix, malgré les explications que Victor Hubinon avait fournies à l'époque (dans les Cahier de la BD me semble-t-il) pour justifier cette évolution. Pour ma part, je préfère un découpage sur quatre bandes, quitte à inclure des grandes vignettes en fonction des besoins.
Quant aux premiers Buck Danny qui étaient sur 5 bandes, je pense que ces épisodes mériteraient une édition dans un format plus grand que l'actuel (celui des bouquins de la collection Cockpit chez Paquet par exemple) pour une meilleure lisibilité des textes et pour permettre d'apprécier davantage certains dessins (de nets progrès avaient été accomplis avec "Les Tigres Volants" et "Dans les Griffes du Dragon Noir").

Pour ces diverses raisons notamment, il me semble qu'un recueil consacré à l'oeuvre (ou à l'art) de Victor Hubinon s'imposerait. (un peu dans l'esprit de ceux qui ont été consacrés à Hergé, EP Jacobs, Goscinny ou Uderzo, par exemple).
De même, pour JM Charlier un important volume serait de mise, alors que nous devons nous contenter, en dehors de l'excellent site JMCharlier.com créé par JYB, d'un vieux numéro des Cahiers de la Bande Dessinée et de "Un réacteur sous la plume". Malgré leurs qualités, ces deux ouvrages apparaissent aujourd'hui un peu légers par rapport à l'importance tant qualitative que quantitative de l'oeuvre de Charlier.

[Raymond]

Il faudrait considérer que des gens s'intéressent à un auteur pour son talent - et Hubinon en avait beaucoup -, et pas "simplement" en fonction de paramètres extérieurs comme la nostalgie d'une époque. Si Hubinon avait été mauvais ou même moyen, il n'aurait pas travaillé durant près de 40 ans en sortant plus de 80 albums, toutes séries confondues, dont une qui n'est pas anodine, à savoir Buck Danny...

Permettez à un dessinateur de venir donner son avis sur ce sujet !
A l'époque de la création de la série "Buck Danny", Victor Hubinon était certainement un des meilleurs dans son genre, et son style est resté de qualité jusqu'au bout.
Personnellement j'ai découvert "Buck Danny" longtemps aprés "Tanguy et Laverdure", et de ce fait, la comparaison entre le dessin de Uderzo et celui de Hubinon, à fait beaucoup vieillir ce dernier.
Mais cela ne doit pas remettre en cause la valeur de Hubinon.
J'ai lu, plus haut, que Victor Hubinon faisait des erreurs de perspective avec les avions, "à la brouette". C'est vrai et incontestable, sauf, que dans le genre, il était d'une part le meilleur (ou le moins mauvais si vous préférez), et qu'il a eu l'audace de se mesurer avec un sujet qui était nouveau et pas du tout évident.
Encore maintenant, les plus grands en la matière, malgré leur expérience, arrivent à se planter, dans ce genre de dessin qui se construit réellement en 3 dimensions sur une feuille de papier en 2 dimensions (ne pas confondre avec la "3D" des informaticiens et des jeux vidéos). Sachez, que contrairement à un tableau normal, les perspectives d'un paysage ou d'un batiment vus d'en haut, présentent des lignes de fuites dans tous les sens, et qu'il faut avoir l'oeil, et le crayon, bien acéré pour ne pas s'y perdre. Ajoutez y le dessin complexe d'un avion dans un tel cadre...
Ce dessin, dans l'espace, est beaucoup plus complexe, que le dessin en perspective au ras du sol : Comptez les artistes qui se lancent dans le dessin aéronautique par rapport aux autres genres, et vous comprendrez que Victor Hubinon avait bien du mérite.
Qu'avec les années, ses successeurs l'ait dépassé, est normal, mais rendons lui au moins cette qualité, d'avoir été un fameux précurseur, à une époque ou la BD, et surtout la BD d'aviation, n'était pas un art répandu.
Il fallait bien défricher, avec les défauts que rencontrent tous les pionniers !
Maintenant, il m'arrive de trouver des défauts dans les dessins d'avions d'Albert Uderzo, alors que je le considère toujours comme mon maitre en la matière. De même pour Francis Bergèse, ou Eric Loutte, ou les autres !

Vous ne connaissez pas mes dessins, à part quelques uns parmi nous, mais, sachez qu'avec le temps, je leur trouve aussi des défauts, que je considère inacceptables aujourd'hui, et je pense qu'il en sera de même, pour ceux que je réalise maintenant, que je trouve aujourd'hui impeccables, et que je reconsidèrerai dans plusieurs années.
Et je ne me suis pas encore lancé dans des dessins d'avions tels que le F22, ou les lignes furtives, à pans cassés dans tous les sens, vous donnent des illusions d'optique infernales...

La perfection ne sera jamais de ce monde, et les goûts et les couleurs variables avec chacun d'entre nous !

Rendons à Victor Hubinon tout le mérite qu'il lui revient.

Raymond