Publié : lundi 23 juin 2008, 18:36
Suite du débat sur les droits des photos, avec l'avis de Francis Nicole (Missions "Kimono") que je relaie :
La loi est faite principalement pour protéger les auteurs et les protéger au maximum au cas où un réel indélicat pourrait s'approprier la paternité d'une ?uvre. Exemple : Little Nemo que les studios Disney ont piqué à un auteur français (qui s'est largement fait avoir malgré tout !).
Hélas, à cette loi, on peut faire dire ce qu'on veut en fonction des "besoins". On peut la dévoyer et elle devient une arme à double tranchant. Elle peut être utilisée pour descendre un concurrent ou l'affaiblir en vu de le phagocyter.
L'un des points ambigüs est le terme "?uvre de l'esprit". Dans le domaine de l'image, une photo de Doisneau EST une ?uvre de l'esprit. A l'époque il attendait le bon moment pour faire sa photo, que "tout" y soit : sujet, composition, lumière etc. En revanche une photo documentaire de sous-marin est-elle vraiment une ?uvre de l'esprit ? (le sous-marin, oui). On peut cependant le prétendre ; rien ne s'y oppose. Par contre des photos "artistiques" de gouttes d'eau sur une carlingue d'avion est une oeuvre de l'esprit également ! Pour qu'il y ait reproduction il faut que tout y soit : le décor, la lumière, les couleurs. Second problème : dans ce cas la loi parle de "reproduction même partielle" ce qui signifie : même s'il s'agit d'un cm carré de l'?uvre originale. Mais cela peut s'interpréter différemment, par exemple : sans la couleur, sans le même éclairage, sans le même décor, sans la même lumière, bien que ce ne soit pas ce que voulait dire le législateur. Mais toutes ces ambigüités permettent aux mal-intentionnés de dévoyer la loi à leur profit ; pour peu que le jeu en vaille la chandelle et qu'ils aient les moyens pécuniaires et de "bons" avocats, ils parviendront à leurs fins. Il ne reste alors plus qu'à s'en remettre à l'intégrité du juge qui voudra bien séparer le bon grain de l'ivraie.
Pour illustrer mes propos voici un autre exemple d'interprétation d'un texte qui sera bien compris par les membres d'Aéroplanète souvent maquettistes. Dans les directives ministérielles de 1940, on disait à propos du nuancier de couleurs destinées aux camouflages des avions : "ces couleurs pourront être utilisées en mélange". En fait cela signifiait qu'elles pouvaient être juxtaposées indifféremment, à volonté et suivant l'humeur. Dans la pratique elles ont été parfois réellement mélangées : Dewoitine par exemple a mélangé le vert du nuancier jugé pour cru, avec le kaki jugé lui trop foncé, ce qui a donné à l'usage un vert très particulier difficile à restituer. Et quasiment tous les constructeurs ont fait de même...
En conséquence le législateur a intéret à bien choisir ses mots pour exprimer sa pensée. Les Mexicains précolombiens utilisaient trois manières différentes pour exprimer un même propos afin de bien confirmer ce qui devait être dit ! Il serait peut-être utile d'en faire autant !
Je pense, pour ma part, qu'utiliser une photo pour composer une case de BD en l'intégrant à un autre décor ou avec d'autres sujets n'est pas "reproduire" une image. Un dessinateur de BD d'aujourd'hui n'est pas forcément un maître de l'art (comme le sont malgré tout certains), mais un raconteur d'histoires en images, rien de plus. Il ne faut pas croire ce que les lecteurs lambda s'imaginent trop souvent, qu'il s'agit de faire des prouesses artistiques, de travailler sans filet, mais plus modestement de dessiner des petites images en couleur ! Sachez que des peintres anciens comme Vermeer ou Quentin Latour, pour ne citer qu'eux, utilisaient la chambre claire ou la chambre noire qui projetait l'image de leur sujet sur la toile : ils n'avaient "plus qu'à" suivre les contours. Ce n'était, ni plus, ni moins, qu'utiliser l'appareil photo sans pellicule ou sans numérisation ! Plus près de nous, Caillebotte utilisait directement des photographies pour construire ses toiles puis, sur place, il reproduisait les lumières et les couleurs comme il les voyait. De toute manière, sans une sensibilité artistique et une certaine technique du dessin on ne peut, quoi qu'on fasse, aller bien loin. Cependant cette technique s'aquière avec plus ou moins d'efforts. Il peut arriver que certains finissent la journée épuisés physiquement avec un mal de tête infernal. En fait, pour faire court, une photo est là pour permettre de gagner du temps sur la première étape du dessin : la construction de la perspective des volumes. C'est ce qui demande le plus de temps et souvent, oblige à faire des ébauches construites avec des points de fuites, à revenir dessus avec des calques pour enfin, après plusieurs superpositions, obtenir un trait dégagé de tout parasite. Certains ont la possibilité de modéliser leur sujet ou les décors avec des logiciels 3D adéquats. Cela permet ensuite de restituer les décors et les objets dans tous les angles de vue possibles et, surtout, imaginables ! Lorsque tous les dessinateurs en seront équipés il y aura moins de problèmes. Toutefois ces objets rares que sont les prototypes et autres machines de guerre, souvent secrets, resteront plus difficiles à modéliser correctement et le dessinateur devra toujours avoir recours à des photos. Mieux vaut connaître personnellement l'auteur de ses sources afin de limiter les éventuels problèmes inhérents."
Fin de citation.
La loi est faite principalement pour protéger les auteurs et les protéger au maximum au cas où un réel indélicat pourrait s'approprier la paternité d'une ?uvre. Exemple : Little Nemo que les studios Disney ont piqué à un auteur français (qui s'est largement fait avoir malgré tout !).
Hélas, à cette loi, on peut faire dire ce qu'on veut en fonction des "besoins". On peut la dévoyer et elle devient une arme à double tranchant. Elle peut être utilisée pour descendre un concurrent ou l'affaiblir en vu de le phagocyter.
L'un des points ambigüs est le terme "?uvre de l'esprit". Dans le domaine de l'image, une photo de Doisneau EST une ?uvre de l'esprit. A l'époque il attendait le bon moment pour faire sa photo, que "tout" y soit : sujet, composition, lumière etc. En revanche une photo documentaire de sous-marin est-elle vraiment une ?uvre de l'esprit ? (le sous-marin, oui). On peut cependant le prétendre ; rien ne s'y oppose. Par contre des photos "artistiques" de gouttes d'eau sur une carlingue d'avion est une oeuvre de l'esprit également ! Pour qu'il y ait reproduction il faut que tout y soit : le décor, la lumière, les couleurs. Second problème : dans ce cas la loi parle de "reproduction même partielle" ce qui signifie : même s'il s'agit d'un cm carré de l'?uvre originale. Mais cela peut s'interpréter différemment, par exemple : sans la couleur, sans le même éclairage, sans le même décor, sans la même lumière, bien que ce ne soit pas ce que voulait dire le législateur. Mais toutes ces ambigüités permettent aux mal-intentionnés de dévoyer la loi à leur profit ; pour peu que le jeu en vaille la chandelle et qu'ils aient les moyens pécuniaires et de "bons" avocats, ils parviendront à leurs fins. Il ne reste alors plus qu'à s'en remettre à l'intégrité du juge qui voudra bien séparer le bon grain de l'ivraie.
Pour illustrer mes propos voici un autre exemple d'interprétation d'un texte qui sera bien compris par les membres d'Aéroplanète souvent maquettistes. Dans les directives ministérielles de 1940, on disait à propos du nuancier de couleurs destinées aux camouflages des avions : "ces couleurs pourront être utilisées en mélange". En fait cela signifiait qu'elles pouvaient être juxtaposées indifféremment, à volonté et suivant l'humeur. Dans la pratique elles ont été parfois réellement mélangées : Dewoitine par exemple a mélangé le vert du nuancier jugé pour cru, avec le kaki jugé lui trop foncé, ce qui a donné à l'usage un vert très particulier difficile à restituer. Et quasiment tous les constructeurs ont fait de même...
En conséquence le législateur a intéret à bien choisir ses mots pour exprimer sa pensée. Les Mexicains précolombiens utilisaient trois manières différentes pour exprimer un même propos afin de bien confirmer ce qui devait être dit ! Il serait peut-être utile d'en faire autant !
Je pense, pour ma part, qu'utiliser une photo pour composer une case de BD en l'intégrant à un autre décor ou avec d'autres sujets n'est pas "reproduire" une image. Un dessinateur de BD d'aujourd'hui n'est pas forcément un maître de l'art (comme le sont malgré tout certains), mais un raconteur d'histoires en images, rien de plus. Il ne faut pas croire ce que les lecteurs lambda s'imaginent trop souvent, qu'il s'agit de faire des prouesses artistiques, de travailler sans filet, mais plus modestement de dessiner des petites images en couleur ! Sachez que des peintres anciens comme Vermeer ou Quentin Latour, pour ne citer qu'eux, utilisaient la chambre claire ou la chambre noire qui projetait l'image de leur sujet sur la toile : ils n'avaient "plus qu'à" suivre les contours. Ce n'était, ni plus, ni moins, qu'utiliser l'appareil photo sans pellicule ou sans numérisation ! Plus près de nous, Caillebotte utilisait directement des photographies pour construire ses toiles puis, sur place, il reproduisait les lumières et les couleurs comme il les voyait. De toute manière, sans une sensibilité artistique et une certaine technique du dessin on ne peut, quoi qu'on fasse, aller bien loin. Cependant cette technique s'aquière avec plus ou moins d'efforts. Il peut arriver que certains finissent la journée épuisés physiquement avec un mal de tête infernal. En fait, pour faire court, une photo est là pour permettre de gagner du temps sur la première étape du dessin : la construction de la perspective des volumes. C'est ce qui demande le plus de temps et souvent, oblige à faire des ébauches construites avec des points de fuites, à revenir dessus avec des calques pour enfin, après plusieurs superpositions, obtenir un trait dégagé de tout parasite. Certains ont la possibilité de modéliser leur sujet ou les décors avec des logiciels 3D adéquats. Cela permet ensuite de restituer les décors et les objets dans tous les angles de vue possibles et, surtout, imaginables ! Lorsque tous les dessinateurs en seront équipés il y aura moins de problèmes. Toutefois ces objets rares que sont les prototypes et autres machines de guerre, souvent secrets, resteront plus difficiles à modéliser correctement et le dessinateur devra toujours avoir recours à des photos. Mieux vaut connaître personnellement l'auteur de ses sources afin de limiter les éventuels problèmes inhérents."
Fin de citation.