J'ai relu très récemment "Rescue Echo". Il s'agissait pour moi de la première lecture au moyen de l'album qui vient de sortir, la précédente lecture remontant à la prépublication en ligne sur le site JYB.
Avec l'album, je fus moins impatient de voir l'action principale démarrer. Si la mise en place des pièces du puzzle est lente, ce n'est plus un supplice, lorsqu'on tient le livre en mains. On progressera inexorablement puisqu'il suffit de passer à la page suivante. Progression assurée que ne permet pas la lecture au "compte gouttes" programmée sur le site, où le lecteur ne maîtrise pratiquement rien.
Bien que l'effet de surprise fût dissipé ainsi qu'une partie du suspense éventé, j'ai pris beaucoup de plaisir à cette relecture. Sans nul doute, autant de plaisir qu'il y a quelques semaines pendant la mise en ligne quotidienne des planches isolément
J'aime bien la façon dont les actions progressent simultanément. On ne sait pas exactement à quel moment elles vont se télescoper, en cours d'histoire, mais on le pressent.
On ne peut que se rendre à cette évidence : Rescue Echoe est une BD d'aviation au sens large (et au sens noble) du terme. Des avions aux caractéristiques bien différentes y sont mis en oeuvre et jouent un rôle de premier plan. Rien à voir avec du racolage aéronautique par une exposition tape à l'oeil mais sans saveur de zincs divers. On croit entendre les moulins dès leur mise en route et les voix dans les micros. Que l'équipage soit militaire ou civil, que l'avion soit un Rafale, un Atlantique ou un Robin, il y est question de pilotage, de procédures à appliquer et de décisions à prendre à chaque instant, décisions lourdes de conséquences puisque la sécurité en dépend.
Au surplus, les cadres géographiques successifs où se déroule l'action (si bien représentés graphiquement par Francis Nicole) ne sont sans doute pas étrangers au charme singulier qui opère dans ce récit. La base de Nîmes Garons, la côte Africaine le long de l'Océan au niveau du Sénégal et de la Mauritanie, et enfin ce bon vieil Etat imaginaire mais ô combien crédible de l'Afrique Equatoriale, le Bowanda, nous convient à un merveilleux voyage par la voie des airs. Un voyage qui incite le lecteur envoûté à une certaine rêverie, comme dans certains romans de Joseph Kessel ou encore dans les BD d'Hergé et de Charlier. Vers dix-douze ans, lorsqu'un gamin de ma génération avait lu quelques Jules Verne, Buck Danny et Tanguy, il avait virtuellement fait plusieurs fois le tour du monde. Cette évasion cérébrale avait une saveur bien particulière, à laquelle je suis toujours sensible et que je retrouve à la lecture d'un album comme Rescue Echo.
Maintenant que j'ai refermé cet opus, je surveille quotidiennement le site de JYB pour vérifier si par hasard un dessin inédit tiré de "Top Largage" (MK 12) n'aurait pas été mis en ligne.
Et en attendant ce tome 12 qui va se faire désirer durant plusieurs mois, j'ai décidé de me replonger dans le premier cycle Bowandais, histoire de calmer ma fringale. Ce qui m'a amené à relire dans la foulée les trois albums correspondants (MK 2-3 et 4). "Du pur bonheur", comme diraient certains.
Toute bonne chose ayant hélas une fin, après avoir refermé "Coup d'Etat", je me retrouve à la case départ, c'est à dire "en état de manque". Je me livre donc à une nouvelle tentative de nirvana avant sevrage en entreprenant la relecture des deux cycles où Tanguy et Laverdure sont reconvertis en pilotes civils pour le compte de la Delta Airways. Mais ceci est une autre histoire...