Quelques incohérences

Forum sur les aventures de Buck Danny et de ses coéquipiers J. Tumbler et S. Tuckson
Buck Danny sur Aeroplanete
JYB
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Re: Quelques incohérences

Message par JYB »

On pourrait en causer longtemps, et je pourrais répliquer aussi longtemps à tel ou tel contre-argument. Il n'empêche, en résumé, qu'on voit bien que ça coince et que, comme je l'ai dit en préambule, il faut considérer ce récit comme une rêverie faisant abstraction de pas mal de réalités. Sinon, le scénario ne pourrait se dérouler comme l'entendait JM Charlier.
Une chose dont on n'a pas parlé et dont je n'ai pas la réponse : le Forrestal était peut-être doté de quilles antiroulis, de sorte qu'il remuait moins qu'on pourrait le croire ; mais il reste le tangage, et aussi divers mouvements d'un bâtiment sur la mer (comme le pilonnement peu compatible avec l'atterrissage vertical d'un VTOL).

A noter que dans les plans du porte-avions Charles de Gaulle, un pont dans les fonds est appelé faux-pont. Je n'y ai pas vu d'espace ou de volume nommé entrepont.

Tu dis, au sujet des auteurs pas pointus : "Encore qu'ils se piquassent pourtant de véracité et d'authenticité…" Eh oui, c'est là le problème. Charlier a toujours dit qu'il se documentait à fond ; on voit que non. Hubinon lui-même aurait pu apporter ses lumières et rectifier certains points du scénario car il s'était engagé, dans sa jeunesse, dans la marine de guerre (peu de temps il est vrai, et il n'a pas tenu longtemps sur un bateau, mais bon, il a dû avoir quelques notions de base sur les bateaux, la navigation, les aspects nautiques).
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Au fait, en répondant avec retard à ce post :
DahliaBleue a écrit :
laurent a écrit :La fantaisie humoristique C'était en 38 date de 1970. C'est là que l'on découvre que Tumbler s'appelle Jerry de son prénom, ce qui ne reparaîtra plus en fait jusqu'au début des années 80. On en a déjà discuté, mais je ne sais plus dans quel fil.
Le prénom de Tumb (Jerry) paraît pour la première fois dans un "mini-récit" de Spirou, en 1960.
Comme déjà dit ailleurs sur ce forum il y a pas mal de temps, l'initiale de Jerry, J, apparaît pour la première fois sur son blouson dans une case de la planche 284 de l'histoire Un avion n'est pas rentré, et ça a paru à l'origine dans Spirou en 1954. Ce n'est pas tout à fait Jerry, mais - c'est le cas de le dire - c'est un bon début...
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DahliaBleue
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Message par DahliaBleue »

JYB a écrit :[…]
moi-même a écrit :
La fantaisie humoristique C'était en 38 date de 1970. C'est là que l'on découvre que Tumbler s'appelle Jerry de son prénom, ce qui ne reparaîtra plus en fait jusqu'au début des années 80. On en a déjà discuté, mais je ne sais plus dans quel fil.
Le prénom de Tumb (Jerry) paraît pour la première fois dans un "mini-récit" de Spirou, en 1960.
Comme déjà dit ailleurs sur ce forum il y a pas mal de temps, l'initiale de Jerry, J, apparaît pour la première fois sur son blouson dans une case de la planche 284 de l'histoire Un avion n'est pas rentré, et ça a paru à l'origine dans Spirou en 1954. Ce n'est pas tout à fait Jerry, mais - c'est le cas de le dire - c'est un bon début...
Exact. Les auteurs l'avaient certainement en "projet" dès ce moment-là.
J'avais oublié ce point, qui est pourtant bien signalé dans un des recueils de "L'INTÉGRALE" (le "4", peut-être ?).
JYB a écrit :[…] Une chose dont on n'a pas parlé et dont je n'ai pas la réponse : le Forrestal était peut-être doté de quilles antiroulis, de sorte qu'il remuait moins qu'on pourrait le croire […]
Il a évidemment des quilles de roulis ; comme tous les bateaux. Mais ce n'est pas un dispositif actif antiroulis. Il n'en a disposé d'aucune manière. Pas plus lui que ses successeurs, même les nucléaires.
J'allais écrire : "ses mensurations (longueur, largeur, déplacement) rendaient inutiles des ailerons (ou stabilisateurs) antiroulis". Mais un navire de taille équivalente, notre paquebot France, en disposait bien, lui. Mais c'était surtout pour le confort des passagers. On pourrait aussi rétorquer que ce dispositif aurait pu avoir un intérêt opérationnel, afin de pouvoir mettre en œuvre son aviation embarquée même par grosse mer. Mais l'expérience montre que ces énormes plateformes sont très rarement "pont rouge" à cause de l'état de la mer (la longueur de la coque correspond à la longueur moyenne de la houle dans les océans, ce qui lui permet d'être toujours suspendu entre deux crêtes). Or les manœuvres avia se font de préférence face au vent (et à la mer) et non par le travers ; le roulis n'est donc pas à craindre en opérations.
En revanche les dimensions plus modestes de notre PAN Charles-De-Gaulle lui rendent effectivement nécessaire un dispositif adapté à cette finalité (ailerons et SATRAP).
[…] mais il reste le tangage, et aussi divers mouvements d'un bâtiment sur la mer (comme le pilonnement peu compatible avec l'atterrissage vertical d'un VTOL).[…]
Le tangage, bien sûr n'est pas du tout supprimé par les quilles de roulis, et pas totalement par les stabilisateurs (même si ça l'atténue un peu). Et effectivement, la stabilisation transforme les mouvement de tangage en pilonnement vertical.
[…] A noter que dans les plans du porte-avions Charles de Gaulle, un pont dans les fonds est appelé faux-pont. Je n'y ai pas vu d'espace ou de volume nommé entrepont.[…]
Il n'y en a pas. L'entrepont est un volume situé entre deux ponts (ou entre deux faux-ponts) ; mais dans leur construction, les architectes navals ne décrivent pas les volumes (vides), mais les surfaces qui les englobent, les ponts, les cloisons, les bordés… Ensuite les locaux intérieurs, et les compartiments, sont décrits en fonction de leur position (de l'avant à l'arrière, de tribord à bâbord, de tranche à tranche). Le hangar avia est un compartiment un peu particulier ; il est évidemment entre deux ponts (et notamment en dessous du pont d'envol, et au-dessus du "pont-du-hangar"). Ce n'est pas incorrect. Mais pas usuel, ni usité dans la marine de guerre.
[…] Charlier a toujours dit qu'il se documentait à fond ; on voit que non. Hubinon lui-même aurait pu apporter ses lumières et rectifier certains points du scénario car il s'était engagé, dans sa jeunesse, dans la marine de guerre (peu de temps il est vrai, et il n'a pas tenu longtemps sur un bateau, mais bon, il a dû avoir quelques notions de base sur les bateaux, la navigation, les aspects nautiques).
Sans doute ; mais il avait dû les oublier. Il n'y avait sans doute pas une fonction éminente.
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JYB a écrit :
moi-même a écrit :
… je dirais, les VTOL n'ont pas besoin de vrais PA ; -)
Entièrement d'accord : la proposition est réciproque (et réversible).
Je ne sais pas si un porte-avions a besoin d'un VTOL (et vice versa) ou pas, toujours est-il qu'un VTOL tel que celui qui est testé dans la BD est impensable sur un porte-avions, par le simple fait que le pont d'un porte-avions est instable en raison des mouvements de la mer (vagues, houle et courants). […]
Je m'aperçois que j'ai sans doute été trop mauvaise langue à ce sujet.

Car en farfouillant ma doc., je retrouve un intéressant article qui montre que la chose a réellement été envisagée (vers 1955) :

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Finalement Charlier et Hubinon en avaient peut-être bien eu connaissance.
Et c'est ça qui leur aurait inspiré la trame de fond de l'histoire ?
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DahliaBleue a écrit : Finalement Charlier et Hubinon en avaient peut-être bien eu connaissance.
Et c'est ça qui leur aurait inspiré la trame de fond de l'histoire ?
J'ai failli le dire précédemment - mais je n'avais pas d'éléments pour étayer ça -, Charlier s'est presque forcément inspiré d'une réalité, puisqu'il a souvent dit qu'il partait toujours d'un point de départ authentique. La date du projet (1955) correspond puisque l'histoire en BD date, de mémoire, de 1957/58 (dans Spirou). Mais il s'agit là de la réalité d'un projet. La question est : est-ce que ce projet s'est concrétisé ? Apparemment non et tu remarqueras l'emploi du conditionnel dans le texte de ton document qui démontre que ça a failli se faire. Apparemment (bis), cette idée est restée à l'état d'un projet "sur le papier".

Quand j'ai dit que cette idée est impensable, je voulais dire : impensable que ça marche. Oui, on peut toujours y penser, des ingénieurs peuvent y réfléchir, mais c'est à mon avis irréalisable concrètement. Mieux, on peut imaginer une BD là-dessus, dans un récit de science-fiction, mais en mettant de côté des tas de contraintes pratiques (voir tout ce qu'on a dit plus haut). La preuve est - sauf avis informé - que je n'ai pas entendu parler de VTOL (comme celui de la BD) sur des porte-avions - et d'ailleurs qu'en est-il des VTOL même sur des bases à terre ? (évidemment, ne parlons pas des Harrier/Sea Harrier et autres Osprey qui ne sont pas de véritables VTOL).

Des projets comme ça, il y en a toujours eu dans le domaine maritime : des supertankers de 1 million de tonnes (on n'a pas dépassé 560 000 tonnes et on en est revenu à 300 000 tonnes de moyenne ; et pourtant, le terminal pétrolier d'Antifer près du Havre devait recevoir des ULCC - Ultra large crude carrier - d'1 million de tonnes, il a été élaboré pour ça ; et on n'en a jamais vus...) ; un paquebot Normandie amélioré qui aurait été un super-Normandie (il était prévu qu'il soit baptisé Bretagne) ; jamais vu non plus ; etc.

Là où Charlier a eu une idée de génie - car je trouve ça génial, et c'est bien dans l'esprit d'un inventeur d'histoires extraordinaires comme lui -, c'est en imaginant que Lady X ferait détourner un VTOL partant d'un porte-avions et se planquant en atterrissant verticalement à l'intérieur de la cheminée d'un volcan. Raconté comme ça en trois lignes : formidable. Pour une BD lue à l'époque par des adolescents de 12 à 17 ans, formidable aussi. Oui, mais....
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Message par DahliaBleue »

JYB a écrit :[…] Charlier s'est presque forcément inspiré d'une réalité, puisqu'il a souvent dit qu'il partait toujours d'un point de départ authentique. La date du projet (1955) correspond puisque l'histoire en BD date, de mémoire, de 1957/58 (dans Spirou). Mais il s'agit là de la réalité d'un projet. La question est : est-ce que ce projet s'est concrétisé ? […] Apparemment […], cette idée est restée à l'état d'un projet "sur le papier". […] on peut toujours y penser, des ingénieurs peuvent y réfléchir, mais c'est à mon avis irréalisable concrètement. […]. La preuve est - sauf avis informé - que je n'ai pas entendu parler de VTOL (comme celui de la BD) sur des porte-avions - et d'ailleurs qu'en est-il des VTOL même sur des bases à terre ? (évidemment, ne parlons pas des Harrier/Sea Harrier et autres Osprey qui ne sont pas de véritables VTOL).[…]
Entièrement d'accord avec cette analyse : en effet la piste des VTOLs purs n'a pas eu de suite concrète ; pas même pour les aviations basées à terre.
Les vidéos (genre "YouTube") sur les esais du XFY-1 sont assez éloquentes : si le décollage était relativement aisé, le poser, en marche arrière, était vraiment hasardeux ; et même une fois posé (sur un tarmac horizontal et bien stable !) l'appareil ne pouvait pas freiner, et roulait comme une toupie ; nous avons évoqué sa vulnérabilité aux mouvements de plateforme mais, à supposer que le porte-avions fut absolument stable en tangage et en roulis, l'élément "vent" était déterminant : à la moindre risée, ces VTOLs auraient été emportés comme des fétus !
Le Ryan X-13 Vertijet (et non "Bell" - comme indiqué sur l'article) résolvait partiellement le hiatus en se posant, non pas sur les saumons de ses plans, mais en s'accrochant comme un jambon à un portique. C'est peut-être ça qui est évoqué sur le plan avec les six "VTOL Nets", qui occupent la place précédemment dévolue à l'îlot du P.-A. (lui-même déporté vers l'avant, comme celui de notre PAN actuel).
[…] Là où Charlier a eu une idée de génie […] c'est en imaginant que Lady X ferait détourner un VTOL partant d'un porte-avions et se planquant en atterrissant verticalement à l'intérieur de la cheminée d'un volcan. […]
Exact, il fallait l'imaginer.
Charlier est très intéressé par les bases secrètes insulaires (voir l'Iceberg de Buck Danny contre Lady X, et dans une moindre mesure, l'ancienne base japonaise de Alerte en Malaisie).

En me replongeant sur ce récit, j'ai encore trouvé quelques autres incohérences (ou invraisemblances), qui jusque là ne m'avaient pas sauté au yeux :
Invraisemblances :
* pl. S.V.40., l'envoi par Danny d'un télégramme à son ami du FBI (et la réception de la réponse, pl. S.V.41.) alors que toute communication (privée) avec la terre est proscrite (cf. S.V.5. B3) ; même en tant que n°3 (v.note) du Forrestal, ses messages doivent être "visés" par l'autorité et le service transmissions.
Incohérences :
* L'hélicoptère envoyé par Danny - dixit L.X (PR.34., strip C : "- C'est peut-être toi qui […] as envoyé ici un hélicoptère de reconnaissance ! - Exact !"), alors que (PR.9.B., strip D, et PR.10.A., strip A) l'envoi de l'hélicoptère vers l'archipel Tongo-Huva (ou Tonga-Huva) a été décidé sans lui, sur demande des services de sismologie.
* À bord de l'hélicoptère en question, en plus de l'équipage, sans doute le pilote et son copilote, se trouvent trois officiers de renseignement ; à la planche PR.27.A., case B3, Danny se demande ce qu'ils sont devenus : prisonniers ou tués ? De fait leur sort final ne sera plus évoqué ; exécutés pendant leur détention ? disparus lors de l'évacuation finale du volcan ?
* Planches PR.43 à 46 : le volcan est supposé miné, devant exploser à la manière de l'iceberg de "B.D. contre L.X". Or les charges explosives ne sont probablement pas déclenchées, mais sans que ce soit clairement dit.
* Planche PR.27.B., case D3 : Danny envisage courageusement de se "faire sauter avec le prototype !" s'il ne parvient pas à le faire décoller. Mais (pl PR.29.B. et PR.30.A.) lorsqu'il est capturé par Wang, il ne met pas son intention à exécution. Bien sûr un tel acte de sacrifice eût été héroïque et conforme à son idéal patriotique, mais cela aurait de facto mis un terme définitif à l'aventure et à la série ; ou alors le trio d'aviateurs se serait trouvé réduit aux seuls Tumbler et Tuckson ?

Note : Je l'estime n°3 (et non n°2) car, si en n°1 il y a l'amiral bien sûr, en n°2 vient le commandant ; que l'on ne voit jamais, certes, car (depuis Un Avion n'est pas rentré) Charlier s'obstine à nous persuader qu'un porte-avions est commandé par un amiral ; tout ça pour éviter - de son point de vue - un conflit de grade avec un capitaine de vaisseau (équivalent à colonel) ; comme si c'était impossible. Alors qu'en réalité rien ne l'interdit (car "la fonction prime le grade").
D'ailleurs Charlier s'est amendé, vers la fin de la série, en faisant apparaître le commandant du Ranger (dans le triptyque Vallée de la Mort verte) puis celui de l'USS John F. Kennedy dans Le Feu du Ciel et dans Les Agresseurs.
S'il y a un amiral, c'est qu'il y a aussi un état-major ; donc un chef d'état-major (CEM) ; ce dernier devenant de facto n°3 dans la hiérarchie. Danny serait donc même n°4. À moins qu'il ne tienne lui-même cette fonction de CEM ?
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DahliaBleue a écrit :Charlier est très intéressé par les bases secrètes insulaires (voir l'Iceberg de Buck Danny contre Lady X, et dans une moindre mesure, l'ancienne base japonaise de Alerte en Malaisie).
Voir aussi d'autres séries de lui comme Brice Bolt.
DahliaBleue a écrit :En me replongeant sur ce récit, j'ai encore trouvé quelques autres incohérences (ou invraisemblances), qui jusque là ne m'avaient pas sauté au yeux :
Invraisemblances :
* Planche PR.27.B., case D3 : Danny envisage courageusement de se "faire sauter avec le prototype !" s'il ne parvient pas à le faire décoller. Mais (pl PR.29.B. et PR.30.A.) lorsqu'il est capturé par Wang, il ne met pas son intention à exécution. Bien sûr un tel acte de sacrifice eût été héroïque et conforme à son idéal patriotique, mais cela aurait de facto mis un terme définitif à l'aventure et à la série ; ou alors le trio d'aviateurs se serait trouvé réduit aux seuls Tumbler et Tuckson ?
Le redécollage, dans des conditions rocambolesques, du VTOL piloté par Buck, dans la cheminée du volcan, au nez et à la barbe des méchants, qui peuvent causer malgré un boucan d'enfer, et ne sont pas touchés par le flux du réacteur, est improbable aussi.
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JYB a écrit :[…] Le redécollage, dans des conditions rocambolesques, du VTOL piloté par Buck, dans la cheminée du volcan, au nez et à la barbe des méchants, qui peuvent causer malgré un boucan d'enfer, et ne sont pas touchés par le flux du réacteur, est improbable aussi.
En effet ! Je ne l'avais pas remarqué ! C'est comme si le VTOL était propulsé par un moteur électrique.
Encore que les bandits ne commencent à s'exprimer (après avoir lancé une grenade à main) qu'après le décollage ; mais il est vrai que le boucan ne devait pas être déjà atténué, jusqu'au sortir du cratère.
Je repenser à deux autres bizarreries.
* Une petite : l'indice qui a démasqué Lester : le cap moyen (au 347) suivi par le VTOL au cours de sa fuite, rapproché du nombre inscrit sur un feuillet de son bloc de calculs de navigation ; Lester pouvait (évidemment) connaître les coordonnées géographiques de sa destination (Saraga) ; mais il ne pouvait connaître avec certitude son point de départ (la position du Forrestal au jour de sa forfaiture ; ou alors, ça signifierait que le porte-avions tournait vraiment en rond dans un étroit secteur, pendant tous les essais. Pas totalement impossible, tout compte fait.
* Une majeure, qui établit la dramaturgie du récit : à la planche S.V.44., case A2, Danny annonce qu'il ne dénoncera pas Lester (car il n'est pas totalement coupable ; il émet donc là un jugement - de justice - qui n'est pas, en principe, de son ressort) et surtout veut préserver la réputation de son escadrille.
Cette position est donc prise au détriment de la protection du secret de la Défense Nationale, qui pourtant devrait primer sur tout le reste. Dans la vraie vie, dans une telle situation, Danny aurait dû s'en ouvrir à l'amiral, quitte à le rendre compréhensif à l'égard de ses scrupules, puis l'opération de récupération du prototype en concertation avec les services du bord ; en principe aucune fuite d'information n'aurait été à craindre ; pas plus que les secrets du prototype, préservés par l'isolement du P.-A. dans l'immensité océanique.

Ceci écrit, la gymnastique scénaristique de Charlier pour cet épisode est fantastiquement admirable. Si l'on ne connaît pas les mécanismes hiérarchiques, la subordination opérationnelle et fonctionnelle, on ne peut que se laisser convaincre par le déroulé dramatique (et tragique à la fin).

Un point plus heureux mais énigmatique : l'ami de Danny au FBI (Carl Haymes) lui signale les conclusions de son enquête (à la fin de "S.O.S.…") : "… le petit a été kidnappé et […] ses parents n'ont pas osé avertir la police…" ; mais à ce moment de son enquête ce n'est encore qu'une hypothèse - même si parfaitement bien vue. Or quelques jours plus tard, une fois en tête à tête avec Lester, Danny lui annonce que son fils a été libéré (pl. PR.36B., case C1) ; on peut se demander comment il peut être si affirmatif… aurait-il reçu (avant son parachutage sur Saraga) un télégramme de Carl Haymes ? Mais dans ce cas une enquête du FBI n'aurait-elle pas dû être déclenchée après le retour de Charlie Lester Jr chez sa maman ? Ne serait-ce que par Carl Haymes, lui-même ?

Et pour finir, une étrangeté : pourquoi Lady X a-t-elle eu l'idée saugrenue d'émettre une fumée noire pour masquer le cratère du volcan ? Au lieu de le rendre discret, cela a eu l'effet inverse : celui d'attirer l'attention (et la curiosité) sur lui. La fumée est supposée cacher le fond de la cheminée ; mais il aurait fallu être très perspicace pour investiguer (même avec des avions de reconnaissance) un volcan éteint, dont le tarmac cimenté du fond aurait très bien pu être camouflé plus innocemment (avec des bâches…) - mais l'histoire n'aurait pas trouvé la même conclusion : le prototype n'aurait sans doute jamais été récupéré.
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JYB a écrit :Là où Charlier a eu une idée de génie - car je trouve ça génial, et c'est bien dans l'esprit d'un inventeur d'histoires extraordinaires comme lui -, c'est en imaginant que Lady X ferait détourner un VTOL partant d'un porte-avions et se planquant en atterrissant verticalement à l'intérieur de la cheminée d'un volcan. Raconté comme ça en trois lignes : formidable. Pour une BD lue à l'époque par des adolescents de 12 à 17 ans, formidable aussi. Oui, mais....
Comme je disais : "Oui, mais...".
Car, quelques "petites" questions en passant :
- comment Lady X a-t-elle su que les essais du VTOL allaient avoir lieu dans un certain secteur du Pacifique ? Tout est top secret...
- admettons : elle est espionne, donc on va établir, sans qu'on sache comment ni quand, qu'elle a fini par le savoir. Elle s'est donc dit : "Tiens, il y a des volcans éteints dans le coin, on va donc utiliser l'un d'eux pour y faire atterrir un VTOL qu'on va détourner à notre profit". Comment sait-elle que le VTOL va avoir assez de rayon d'action pour atteindre le volcan ? Comment connaît-elle ce rayon d'action ? (tout est top secret). Comment sait-elle précisément l'endroit exact où sera le porte-avions pour calculer que le vol pourra se faire entre ce porte-avions et l'île volcanique ? Comment peut-elle établir à coup sûr que ce vol sera faisable techniquement ? Dans un tel plan, Lady X doit être sûre à 100%, voire à 200%, que tout est faisable et que tout se déroulera comme elle le prévoit.
- comment a-t-elle su qu'un des pilotes d'essai du VTOL était marié et avait un gosse, quels sont son nom et son adresse, et donc qu'il suffit d'enlever le gamin et menacer le père pour que ce dernier accepte de détourner le VTOL pendant un vol ? Tout est secret.
- repérer les allées et venues de la famille, connaître l'école où va le gamin pour l'enlever sur le chemin, ensuite l'enlever, tout ça prend du temps et demande de faire des repérages discrets (tout ça sans se faire prendre ni repérer soi-même, en particulier lors de l'enlèvement dans une voiture dont un témoin aurait pu noter le numéro ; ce témoin aurait pu alerter la police, ce qui fichait le plan de Lady X par terre puisque les kidnappeurs demandent à la mère de ne pas alerter la police).
- admettons, elle est espionne, elle a pu savoir aussi... Ce n'est qu'une BD, Lady X est très forte, etc... Mais comment peut-elle être sûre que ce pilote fera partie de l'équipe des essais en mer ? Et s'il tombe malade la veille d'embarquer ? Tout le plan tombe à l'eau ! Et si l'enlèvement rate et si le gamin ne peut pas être enlevé ? Tout le plan tombe à l'eau ! Et si le pilote ne fait partie que des pilotes de réserve ? Il y a besoin d'autant de pilotes d'essai pour ce VTOL ? (il y a déjà Buck, Sonny, Tumbler, Slim Holden....).
- admettons ; vous allez me dire : c'est un pari risqué, tous les plans des espions comme Lady X ne peuvent pas tous réussir, donc elle tente le coup. Certes, mais rappelez-vous que pendant ce temps-là, elle va faire construire une base dans la cheminée d'un volcan. Il faut donc qu'elle cherche un volcan éteint dont la cheminée soit suffisante pour accueillir une base bétonnée ? Une île volcanique déserte, loin de tout pour une question de discrétion (c'est expliqué dans la BD). Une île sans habitants, sans témoins quels qu'ils soient, sans pêcheurs qui viennent faire un tour dans le coin, sans aucun navigateur qui vienne faire du tourisme insulaire, sans aucun bâtiment hydrographique qui vienne faire des relevés bathymétriques, etc. Admettons, elle a de la chance, elle trouve l'île volcanique idéale pour son projet. Au bout de combien de temps ? Une heure ? Trois jours ? Des semaines ? Il y a urgence, les essais vont avoir lieu très bientôt.
- admettons. Mais il faut maintenant construite la base secrète. Et la construire rapidement, et bien sûr secrètement. Avec quel personnel spécialisé ? Avec quel matériel et quels matériaux ? Apparemment, quand on voit la base dans le second volet de l'aventure, au moment Buck la découvre, cela a dû prendre du temps de la construire. Il a fallu affréter un cargo pour apporter tout le matos. Il n'y a pas de port, comment le matos est-il débarqué sur la côte ? (c'est possible mais pas dans la discrétion : au moyen de grues et de chalands qui font des va-et-vient, etc.). Tout cela va durer combien de jours ? De semaines ? De mois ? Lady X n'est pas l'armée américaine qui construit clandestinement une base dans le grand nord comme ce fut le cas à Thulé au Groenland quelques années auparavant. Je dirais : en tout, entre l'idée de départ et la construction terminée, cela prendrait des années !
- à quel coût ? (en prenant en compte TOUTES les dépenses ; on comprend que Lady X dispose de fonds illimités de la part de ses commanditaires, mais tout de même, il doit y avoir une limite un jour... surtout pour acquérir un prototype dont il s'avérera qu'il n'est pas opérationnel). Tout ça en demandant aux ouvriers de garder le secret ?
- évidemment, pendant tous ces préparatifs finalement pas si discrets, ni les Soviétiques, ni les Chinois, ni les Américains, ni les Japonais, n'ont rien vu, rien su.
- Lady X a même prévu autour du volcan un système de repérage des intrus. Pourquoi un tel système ? L'île est déserte et inhabitée... Buck s'y fait prendre et on dirait presque que Lady X avait prévu que Buck viendrait traîner ses guêtres par là...
- Buck, en découvrant la plate-forme d'atterrissage, dit : "Il a fallu un minimum de travail pour aplanir et cimenter le fond du cratère". Si Buck le dit, faut le croire. Mais tout de même, faut le faire venir, ce "ciment". Et aplanir le fond, avec quel matos ? Et ce n'est pas comme pour le parquet de sa cuisine avec quelques carreaux. Il faut quand même soutenir un avion et faire subir au sol la chaleur du réacteur (3 000 degrés, dit Lady X elle-même planche 38).
- une fois le VTOL parvenu sur place, Lady X en fait quoi ? Elle a prévu de le faire redécoller pour rejoindre un autre lieu. Il faut donc du kérosène sur place. Elle dit qu'elle a fait ajouter des réservoirs supplémentaires. Ah oui ? Dans les dessins, je n'en vois pas. Donc, des réservoirs internes. Il y a la place à bord du proto ? Avec quel matériel sont-ils installés ? Lady X et ses hommes ne savent rien du proto, de sa configuration interne, du circuit de son carburant, mais en un tournemain, ils installent des réservoirs supplémentaires...
- il faut aussi un pilote pour faire redécoller l'appareil : Lady X elle-même, bien sûr, qui sait tout piloter d'office, y compris un prototype particulier comme un VTOL qui doit demander un sacré entraînement pour s'en servir (voir les premiers essais sous portiques par Buck et ses copains, sur le porte-avions).
- bien sûr, pendant tout le temps des préparatifs du plan de Lady X - qui devraient durer de longs mois au minimum, alors que dans la BD, tout se déroule dans un laps de temps très court - il faut espérer qu'il n'y aura pas de conflit majeur qui obligerait le porte-avions Forrestal à partir en guerre quelque part dans l'ouest Pacifique - d'où l'abandon des essais -, ou que le programme VTOL ne soit pas repoussé à plus tard pour des raisons budgétaires ou techniques, ou que les Américains, pour tromper l'ennemi, n'aient pas fait croire qu'ils allaient effectuer des essais dans l'ouest Pacifique, alors qu'en réalité, ça se fera ailleurs, si loin que la base secrète de Lady X dans l'île volcanique n'aura servi à rien. Etc etc.
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JYB a écrit :[…] quelques "petites" questions en passant :
- comment Lady X a-t-elle su que les essais du VTOL allaient avoir lieu dans un certain secteur du Pacifique ? Tout est top secret […]
- bien sûr, pendant tout le temps des préparatifs du plan de Lady X […] ou que les Américains, pour tromper l'ennemi, n'aient pas fait croire qu'ils allaient effectuer des essais dans l'ouest Pacifique, alors qu'en réalité, ça se fera ailleurs, si loin que la base secrète de Lady X dans l'île volcanique n'aura servi à rien. Etc.[…]
Excellente et pertinente analyse ! Qui mériterait d'être synthétisée et présentée d'une façon académique.

Il y a juste trois ou quatre points qui peuvent d'ores et déjà obtenir une réponse logique :
* la connaissance de la situation familiale de Lester peut résulter d'espionnages ;
* pilote de réserve ? a priori tout le groupe (huit pilotes) participe aux essais ; il est vrai que les tests de prototypes sont rarement menés par un groupe nombreux. Toutefois, Charlier rejouera ce thème (du groupe nombreux) avec le "Prototype FX-13" ;
* la pression psychologique poussant à la trahison est un ressort humain bien connu ; c'est ce genre de vulnérabilité qui est pris en compte par les enquêtes de sûreté, préalables à l'habilitation au "Secret Défense" ; en tout logique, d'ailleurs, en raison de la sensibilité "Top Secret" de l'opération "VTOL", Lester n'aurait pas dû être sélectionné dans le groupe - Danny en a d'ailleurs l'intuition (planche S.V.6., case B2), peut-être pour une autre raison ? le ramollissement dû à la paternité ? crainte non vérifiée dans la vraie vie : les pères ne sont pas moins héroïques que les "célibataires" - Ou alors être étroitement protégé (par le FBI ?) ;
* le piégeage anti intrus du volcan s'explique : si l'île est déserte et inhabitée, Lady X avait tout de même prévu son masquage (déception) par l'émission de fumée ; et elle avait observé des passages d'avion, voire une reconnaissance par hélicoptère ; donc elle se savait menacée ; et son radar de veille air avait détecté le passage du Trader de parachutage (planche PR.34., case D1).
* (à propos des aérodromes de dégagement, sur un autre post :)
[…]Il est dit aussi […] que le porte-avions se trouve au beau milieu du Pacifique, très loin de terre (pour éviter les espions). Or, justement, la règle pour un porte-avions est de toujours se trouver dans un périmètre qui permette aux avions de se poser à terre en cas de problème à l'appontage (ou en vol, d'ailleurs).[…]
En fait, stricto sensu, cette précaution ne garantit pas la récupération des appareils qui ne peuvent se poser : à moins de se trouver toujours à proximité d'un aérodrome terrestre (mais dans ce cas, à quoi peut bien servir un porte-avions ?) les avions retour de mission, donc à court de pétrole, n'ont logiquement pas la possibilité de se dérouter vers un aérodrome de dégagement ; cette précaution est surtout "la règle" pour les sorties de qualification des pilotes ; pour lesquels peut souvent intervenir la décision de rentrer directement à terre. En opérations réelles, ce serait contre productif d'admettre qu'un P.-A. ne doit pas s'éloigner des côtes de plus de quelques dizaines de nautiques.
[…] Surtout quand on teste un prototype dont on ne sait pas à l'avance le comportement sur un porte-avions ! Il va de soi qu'on aurait dû prévoir une solution de secours, à savoir une base à terre rapidement accessible. De ce qu'on comprend, si ça se passe mal, le VTOL ne peut que tomber à la mer (ce qui arrivera une fois dans la BD).[…]
Pour le VTOL, l'argument est valable. Dans la vraie vie, ces tests auraient été menés au large de la Californie, quitte à muscler fortement l'escorte du P.-A. (avec des croiseurs, des destroyers…).

En revanche, le plus improbable (et qui flanque tout par terre), c'est effectivement d'avoir installé sa base, à partir d'un secteur supposé des essais, alors qu'il était logiquement impossible de prévoir (si longtemps à l'avance, en raison des délais d'installation, en effet : plusieurs mois, au minimum) où se situerait ce secteur. Aucune certitude ne garantit que le Forrestal va croiser dans les parages.

Lady X ne peut être sûre de rien, évidemment, mais c'est son pari ; audacieux, mais pas totalement irréalisable. De toute façon, elle l'a finalement bien perdu, son pari : elle avait, une fois de plus sous-estimé son adversaire préféré.
Dernière modification par DahliaBleue le lundi 06 mars 2017, 15:48, modifié 1 fois.
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Message par JYB »

DahliaBleue a écrit :Il y a juste deux ou trois points qui peuvent d'ores et déjà obtenir une réponse logique :
A laquelle je peux aussi produire des contre-arguments, mais j'ai déjà consacré pas mal de temps à cette analyse.
DahliaBleue a écrit :* pilote de réserve ? a priori tout le groupe (huit pilotes) participe aux essais ; il est vrai que les tests de prototypes sont rarement menés par un groupe nombreux. Toutefois, Charlier rejouera ce thème (du groupe nombreux) avec le "Prototype FX-13" ;
Sauf erreur, il y a dans la vraie vie, pour un appareil, un pilote d'essai de l'armée qui va utiliser l'avion une fois construit en série (c'est la Navy dans le cas présent). En France, il y a des pilotes d'essais chez le constructeur (Dassault par exemple) qui teste les avions en sortie d'usine ; est-ce pareil aux USA ? Certes, il y a quatre appareils à bord du Forrestal, mais chaque appareil vole seul, à tour de rôle, quand un s'est écrasé. Donc, deux pilotes (un de la Navy et un éventuellement du constructeur) seraient suffisants. Je résume dans les grandes lignes car dans la réalité toujours, ça doit être plus fin que ça, et peut-être que quelqu'un va pouvoir nous détailler le processus en détails. Toujours est-il que plusieurs pilotes de l'US Navy pour ce prototype de VTOL dans Buck Danny, ça fait trop.

A noter d'ailleurs que dans la BD, les "six ou sept" pilotes d'essai (six ou sept : c'est dit dans une bulle de la planche 5) proviennent de l'US Navy, ce qui paraît normal puisque l'avion va voler à partir d'un porte-avions, qui dépend donc de la marine (US Navy ; un porte-avions, c'est un bateau militaire, qui dépend de la marine militaire). Et bien sûr, ce sont les meilleurs pilotes ("seuls quelques as de l'aéro-navale sont capables de mener à bien ces essais difficiles et extrêmement périlleux", dit l'amiral, planche 5, et il y a intérêt en effet à ce que ces pilotes d'essais soient des familiers des porte-avions). Sauf que Slim Holden est "la plus fieffée tête de bourrique de toute l'USAF", dit quelqu'un planche 6. Ah, pas de la Navy, alors ? Comment un pilote de l'USAF peut-il être un pilote d'élite de la Navy...?

Mieux : Charlie Lester "a fait partie des Skyblazers", dit Sonny, planche 6 toujours, une note en renvoi précisant que les Skyblazers sont une "patrouille acrobatique américaine". C'est même une patrouille de l'USAF. Donc, cela fait du gars l'un des meilleurs sur porte-avions ? Bizarre autant qu'étrange... En plus, sauf erreur encore, les Skyblazers sont la patrouille acrobatique de l'USAF... en Europe (USAFE). Donc voilà ce pilote basculé de l'USAF en Europe, où il a dû connaître les bases tout ce qu'il y a de terrestres de Ramstein, Bitburg, Chaumont, etc., à un porte-avions dans le Pacifique ouest.
Note : les Skyblazers ont été dissous en janvier 1962, une autre célèbre patrouille de l'US Air Force - j'insiste bien : USAF, pas US Navy - prenant le pas sur eux : les Thunderbirds.
US Navy ou USAF, c'est l'éternelle et grave confusion qui figure dans beaucoup d'albums des vingt ou vingt-cinq premières années de la série Buck Danny.
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Re: Quelques incohérences

Message par DahliaBleue »

JYB a écrit :[…] Sauf erreur, il y a dans la vraie vie, pour un appareil, un pilote d'essai de l'armée qui va utiliser l'avion une fois construit en série (c'est la Navy dans le cas présent). […] Certes, il y a quatre appareils à bord du Forrestal, mais chaque appareil vole seul, à tour de rôle, quand un s'est écrasé. Donc, deux pilotes (un de la Navy et un éventuellement du constructeur) seraient suffisants. Je résume dans les grandes lignes car dans la réalité toujours, c'est plus fin que ça, et peut-être que quelqu'un va pouvoir nous détailler le processus en détails. Toujours est-il que plusieurs pilotes de l'US Navy pour ce prototype de VTOL dans Buck Danny, ça fait trop.[…]
Entièrement d'accord.
Je ne réagissais là qu'à la supposée analyse de Lady X sur le fait d'avoir ou non des pilotes de réserve.
De toute façon, même si Lester avait été "en réserve", il aurait quand même volé de temps en temps pour obtenir ou maintenir sa qualification.
[…] A noter d'ailleurs que dans la BD, les "six ou sept" pilotes d'essai (six ou sept : c'est dit dans une bulle de la planche 5) proviennent de l'US Navy, ce qui paraît normal puisque l'avion va voler à partir d'un porte-avions, qui dépend donc de la marine (US Navy ; un porte-avions, c'est un bateau militaire, qui dépend de la marine militaire). Et bien sûr, ce sont les meilleurs pilotes ("seuls quelques as de l'aéro-navale sont capables de mener à bien ces essais difficiles et extrêmement périlleux", dit l'amiral, planche 5, et il y a intérêt en effet à ce que ces pilotes d'essais soient des familiers des porte-avions). Sauf que Slim Holden est "la plus fieffée tête de bourrique de toute l'USAF", dit quelqu'un planche 6. Ah, pas de la Navy, alors ? Comment un pilote de l'USAF peut-il être un pilote d'élite de la Navy…?[…]
Oui, c'est en effet une anomalie : mais c'est le jugement de Sonny ! Qui s'est peut-être gouré d'armée (de Service) ? Et c'est aussi l'égarement et la valse hésitation dont Charlier et Hubinon font et feront (toujours) preuve à l'égard de l'armée d'appartenance de Holden :
* capitaine USAF (planche S.V.6, cases C2 et C3),
* ensuite (planche S.V.12, case C1) macaron de casquette de la marine (US Navy),
* puis (planches S.V.19 et S.V.20) macaron de casquette de l’USAF.

Plus tard :
* dans "Prototype FX-13", Holden appartient clairement à la Navy (macaron de casquette), avec un insigne de grade (une feuille de chêne couleur argent — Silver Oak Leaf) de commander.
* au tout début de "Escadrille ZZ" il porte sur ses épaules les trois galons larges de commander.
* Dans les deux premiers épisodes de la trilogie du retour des Tigres Volants, Holden conserve clairement les insignes de ce même grade.
* En revanche, dans le dernier épisode ("Tigres volants contre pirates", planche P.21B, case C3), il est désigné comme capitaine (?).
* Dans "Le Mystère des Avions Fantômes" Holden retrouve le grade de commander (planche AF.4.A. cases A1 et A2). Toutefois, lorsque Holden rend service à Tuckson, c’est en lui prêtant un uniforme de l’USAF (dont le macaron de casquette) (planche AF.4.B. case D1).
* Deux pages plus loin (planche AF.6.B. case D2) Buck Danny s'enquiert d'une réservation pour un dîner au restaurant, au nom du "capitaine Holden" ; un peu plus loin dans ce même épisode, il est également désigné comme capitaine (planche A.F.9.B, case C1) par un opérateur des transmissions. Lors du diptyque "Les Anges Bleus" / "Le Pilote au Masque de Cuir", Holden se retrouve lieutenant de vaisseau.
* Dans "Les Anges Bleus", de la planche AB.11 à la planche AB.15 Holden porte l'uniforme de l'Air Force, alors que, de la planche AB.24 à la planche AB.36, il porte à nouveau celui de la marine. Comme indiqué ci-après, Charlier et Hubinon, n'ont jamais réussi à se dépêtrer de la dualité marine/aviation (militaire).
[…] Mieux : Lester "a fait partie des Skyblazers", dit Sonny […] une "patrouille acrobatique américaine". C'est même une patrouille de l'USAF. […] US Navy ou USAF, c'est l'éternelle et grave confusion qui figure dans beaucoup d'albums des vingt ou vingt-cinq premières années de la série Buck Danny.
Exactement ! (bien vu pour la nuance USAF/USAFE ! Elle m'avait échappée, jusqu'à présent !).
Mais le fait que Charlier/Hubinon connaissent bien les Skyblazers est logique : ils ont dû les voir évoluer dans les cieux belgicains.
Et sans oublier non plus le Sergent Tedder, instructeur à la base (USAF) de Boston !
Au total, sur les huit pilotes du groupe Zéro, seuls deux et demi sont des marins ! Holden à moitié (on a vu juste avant pourquoi) puis, intégralement marins, les lieutenants de vaisseau Alcock (du Squadron 3 de l'USS Coral Sea) et Marklin de la NAS Agana (Guam).

* (à propos des aérodromes de dégagement, sur un autre post ->)
[…]Il est dit aussi […] que le porte-avions se trouve au beau milieu du Pacifique, très loin de terre (pour éviter les espions). Or, justement, la règle pour un porte-avions est de toujours se trouver dans un périmètre qui permette aux avions de se poser à terre en cas de problème à l'appontage (ou en vol, d'ailleurs).[…]
En fait, stricto sensu, cette précaution ne garantit pas la récupération des appareils qui ne peuvent se poser : à moins de se trouver toujours à proximité d'un aérodrome terrestre (mais dans ce cas, à quoi peut bien servir un porte-avions ?) les avions retour de mission, donc à court de pétrole, n'ont logiquement pas la possibilité de se dérouter vers un aérodrome de dégagement ; cette précaution est surtout "la règle" pour les sorties d'en traînement et de qualification des pilotes ; pour lesquels peut souvent intervenir la décision de rentrer directement à terre. En opérations réelles, ce serait contre productif d'admettre qu'un P.-A. ne doit pas s'éloigner des côtes de plus de quelques dizaines de nautiques.
[…] Surtout quand on teste un prototype dont on ne sait pas à l'avance le comportement sur un porte-avions ! Il va de soi qu'on aurait dû prévoir une solution de secours, à savoir une base à terre rapidement accessible. De ce qu'on comprend, si ça se passe mal, le VTOL ne peut que tomber à la mer (ce qui arrivera une fois dans la BD).[…]
Pour le VTOL, l'argument est valable. Dans la vraie vie, ces tests auraient été menés au large de la Californie, quitte à muscler fortement l'escorte du P.-A. (avec des croiseurs, des destroyers…).
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Re: Quelques incohérences

Message par AV O »

DahliaBleue a écrit : Oui, c'est en effet une anomalie : mais c'est le jugement de Sonny ! Qui s'est peut-être gouré d'armée (de Service) ? Et c'est aussi l'égarement et la valse hésitation dont Charlier et Hubinon font et feront (toujours) preuve à l'égard de l'armée d'appartenance de Holden :
* capitaine USAF (planche S.V.6, cases C2 et C3),
* ensuite (planche S.V.12, case C1) macaron de casquette de la marine (US Navy),
* puis (planches S.V.19 et S.V.20) macaron de casquette de l’USAF.

Plus tard :
* dans "Prototype FX-13", Holden appartient clairement à la Navy (macaron de casquette), avec un insigne de grade (une feuille de chêne couleur argent — Silver Oak Leaf) de commander.
* au tout début de "Escadrille ZZ" il porte sur ses épaules les trois galons larges de commander.
Des discussions animées à ce sujet ont été engagées dans ce fil :
http://www.aeroplanete.net/forum/viewto ... ?f=2&t=928
http://www.aeroplanete.net/forum/viewto ... 8&start=30

Bonne fin de journée.

AV O
Dernière modification par AV O le lundi 06 mars 2017, 17:34, modifié 1 fois.
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Message par JYB »

A Dahlia Bleue : la réflexion de Sonny sur l'appartenance de Holden à l'USAF : non, la bulle s'échappe d'une voiture et on ne sait pas qui parle dans le cas précis que je citais ; ça doit même être Buck qui parle, car sa bulle est une présentation des autres pilotes qui participeront aux essais ; il n'y a que lui pour faire ce genre d'exposé. Il ne faut pas tout mettre sur le dos de Sonny parce qu'il est gaffeur, d'autant qu'on a compris que l'erreur ne vient pas d'un des personnages de la BD, mais du scénariste...
Sonny, clairement identifié, a dit une autre chose (sur Lester pilote des Skyblazers).

La liste des erreurs et confusions USAF/USNavy : tu détailles des choses que j'ai résumées dans un article de 6 pages, avec d'autres exemples, images à l'appui, dans la revue dBD de juin 2015, sur le thème "Buck Danny : USAF ou US Navy ?".
Voir aussi les discussions signalées par AV O.
DahliaBleue a écrit :* (à propos des aérodromes de dégagement, sur un autre post :)
[…]Il est dit aussi […] que le porte-avions se trouve au beau milieu du Pacifique, très loin de terre (pour éviter les espions). Or, justement, la règle pour un porte-avions est de toujours se trouver dans un périmètre qui permette aux avions de se poser à terre en cas de problème à l'appontage (ou en vol, d'ailleurs).[…]
En fait, stricto sensu, cette précaution ne garantit pas la récupération des appareils qui ne peuvent se poser : à moins de se trouver toujours à proximité d'un aérodrome terrestre (mais dans ce cas, à quoi peut bien servir un porte-avions ?) les avions retour de mission, donc à court de pétrole, n'ont logiquement pas la possibilité de se dérouter vers un aérodrome de dégagement ; cette précaution est surtout "la règle" pour les sorties de qualification des pilotes ; pour lesquels peut souvent intervenir la décision de rentrer directement à terre. En opérations réelles, ce serait contre productif d'admettre qu'un P.-A. ne doit pas s'éloigner des côtes de plus de quelques dizaines de nautiques.
Je ne suis pas d'accord, pour au moins trois raisons :
- je vois mal l'état-major dire aux pilotes : "Vous allez bombarder les méchants terroristes à tel endroit, et après, pour revenir, vous vous débrouillez ; si ça se passe bien, tant mieux, si ça se passe mal, bof, tant pis". Evidemment qu'on prévoit tout pour garantir la vie des pilotes et leur retour sain et sauf où que ce soit, et pour ne pas perdre des avions bêtement.
- dans les divers conflits depuis les débuts de l'ère des réacteurs, au large de la Corée, du Vietnam, du Moyen-Orient, les porte-avions sont (relativement) près de la terre. Au stress des conditions de guerre, on ne va pas ajouter, dans l'esprit des pilotes, le stress sur l'incertitude de savoir s'ils vont pouvoir se poser quelque part.
- de nos jours en tout cas, tout avion embarqué est ravitaillable en vol. Si la terre est loin et si un avion a un long trajet imprévu à faire pour rejoindre une base à terre, on le ravitaille avec une "nounou", toujours en vol et prête à intervenir dans ce cas.
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Re: Quelques incohérences

Message par DahliaBleue »

JYB a écrit :A Dahlia Bleue : la réflexion de Sonny sur l'appartenance de Holden à l'USAF : non, la bulle s'échappe d'une voiture et on ne sait pas qui parle dans le cas précis que je citais ; ça doit même être Buck qui parle, car sa bulle est une présentation des autres pilotes qui participeront aux essais ;[…] Sonny, clairement identifié, a dit une autre chose (sur Lester pilote des Skyblazers).[…]
Exact ! J'avais écrit ça de mémoire sans vérifier sur le bouquin.
[…] (à propos des aérodromes de dégagement, sur un autre post :)[…]
Je ne suis pas d'accord, pour au moins trois raisons :
- je vois mal l'état-major dire aux pilotes : "Vous allez bombarder les méchants terroristes à tel endroit, et après, pour revenir, vous vous débrouillez ; si ça se passe bien, tant mieux, si ça se passe mal, bof, tant pis". Evidemment qu'on prévoit tout pour garantir la vie des pilotes et leur retour sain et sauf où que ce soit, et pour ne pas perdre des avions bêtement.
- dans les divers conflits depuis les débuts de l'ère des réacteurs, au large de la Corée, du Vietnam, du Moyen-Orient, les porte-avions sont (relativement) près de la terre. Au stress des conditions de guerre, on ne va pas ajouter, dans l'esprit des pilotes, le stress sur l'incertitude de savoir s'ils vont pouvoir se poser quelque part.[…]
Je me suis mal exprimée.
Je n'ai pas voulu dire qu'on faisait systématiquement abstraction de toute solution de secours.
Mais que :
1.- en cas de nécessité opérationnelle, le commandant en chef ne peut pas dire : "L'ennemi est trop au large ; nous n'y serons pas en sécurité, donc nous abandonnons le combat." - mais au contraire : "Sus à l'ennemi, quoi qu'il advienne !".
Ça s'est d'ailleurs fait (bataille des Mariannes, juin 1944).
En effet, dans un tel cas extrême, si le retour à bord est impossible (pont rouge, ou "short petrol") il peut ne rester que la solution de l'amerrissage en catastrophe ou l'abandon de l'avion, mais cette solution sauve l'essentiel : le pilote.
2.- Et puis surtout, toute manœuvre de l'aviation embarquée comporte le risque de l'impossibilité d'apponter (dégradation drastique de la météo, avarie du bateau - machines, freins d'appontage - mais simultanément l'impossibilité de rejoindre la terre au retour de mission, en raison du "short petrol", sauf à maintenir le porte-avions à une distance ridiculement proche d'un aérodrome terrestre (quelques nautiques à peine).
Bien sûr, on peut prévoir le ravitaillement en vol, comme évoqué ci-après :
[…]- de nos jours […] tout avion embarqué est ravitaillable en vol. Si la terre est loin et si un avion a un long trajet imprévu à faire pour rejoindre une base à terre, on le ravitaille avec une "nounou", toujours en vol et prête à intervenir dans ce cas.
3.- Si l'impossibilité d'apponter n'est due qu'à un appareil (crosse hors d'usage…) c'est jouable ; on lancera la nounou à sa rescousse ; et de ravitaillement en ravitaillement, il pourra rejoindre la terre, même à grande distance.
Mais si le pont devenait soudainement rouge, il faudrait déjà lancer les nounous ; sans pouvoir les récupérer non plus. Ou alors en avoir toujours une en vol (comme une CAP, en patrouille, sous menace permanente) ; mais ce n'est pas le cas, dans la pratique. Donc, s'il le faut, les pilotes abandonneraient leurs avions.

Quand un porte-avions traverse le Pacifique (ou l'Atlantique, ou l'océan Indien) les vols ne sont pas interdits sous le prétexte qu'aucun aérodrome de dégagement ne se trouve à proximité (quelques dizaines de nautiques).
Il serait absurde de limiter les déploiements opérationnels des P.-A. aux zones littorales.
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