laurent a écrit :Et, pour repréciser mon argumentation, je pense qu'il y a en plus de l'argument de la rareté avancé par Philou, l'argument de l'ancienneté, qui lui est lié bien sûr, et le rôle fondateur du premier créateur (graphique ici puisqu'il faut tout préciser).
Réduire la valeur d'une planche à l'aspect qualité graphique ne suffit pas, pour Buck Danny comme pour d'autres : les planches originales de Blake et Mortimer par Edgar P. Jacobs valent bien plus cher que celles de Ted Benoit ou André Juillard, et ceux-ci sont pourtant d'excellents dessinateurs.
Du point de vue des collectionneurs, c'est un peu le même raisonnement que pour les éditons originales : les rééditions ont beau être de meilleure qualité, plus agréables à lire, avec des suppléments, etc, elles ne valent jamais dans leur coeur, et donc à la cote, l'EO.
Ben voilà, j'adhère tout à fait à cette explication.
Il ne faut pas mal prendre ma remarque sur Hubinon créateur de Buck Danny. Il faut seulement être rigoureux dans ce que tu écris. Si qqun de la famille de Charlier lisait que "Hubinon est le créateur de la série Buck Danny", cela pourrait le faire réagir.
histoire d'illustrer les propos de ce sujet, il y a actuellement un planche de Bergèse sur ebay ( p17 de l'escadrille fantome) et alors qu'il reste encore 8h, elle est déjà à plus de 600 euros. (pour ceux ue ça intéresse, c'est l'objet n° 160129494559)
La vocation, c'est avoir pour métier sa passion. Stendhal
Ton exemple illustre parfaitement l'objet de ma question. Cette planche de F. Bergèse est partit à 700 euros environ, personnellement j'en ai vu de plus belle et je pense que cela aurait pu monter plus si c'était une autre planche.
Mais une planche de Hubinon a un prix plancher de 3500 euros !!... et peut atteindre 9000 euros pour les plus belles.
C'est cet écart de prix qui m'a surpris. On peut expliquer cela par l'ancienneté, Hubinon est l'auteur originale.... mais tout de même un tel écart...
Je viens moi-même d'acquérir un dessin originale d'Hubinon représentant Buck Danny pour une 4e couv. Elle est superbe mais mon compte en banque a pris un coup. C'était ça ou le dessin me passait sous le nez.
Ce sera le seul et le dernier dessin d'Hubinon que j'achèterai.
Puisque monsieur JYB le demande si gentiment, le voici
à la lumière:
moins de luminosité:
Je n'ai jamais été fan du graphisme de Hubinon et préfère de loin les planches de Bergèse, mais sur ce dessin je dois avouer qu'Hubinon
m'a bluffé. J'aime surtout les jeux d'ombre, le détail des plis de la combinaison et Buck Danny se tient de manière si naturel....
Sinon, on m'a dit que c'est une 4e couv d'une édition Dupuis de 1960
mais je n'ai jamais vu cette édition. Quelqu'un peut-il me renseigner ??
Maverick07 a écrit :(...) sur ce dessin je dois avouer qu'Hubinon m'a bluffé.
Ben oui, et ça explique le prix des planches originales d'Hubinon, pour répondre à des questions à ce sujet. J'ai déjà dit, ici même je crois, que j'avais aussi été bluffé après avoir vu des planches originales d'Hubinon : encrage, précision, pureté et force du trait, soin apporté aux détails et aux plis des vêtements par exemple... Y'a pas photo.
D'après ce dessin, Hubinon a du génie, je vous l'accorde.
Et encore, mes photos sont de mauvaises qualité. En vrai, l'encrage des rides et des plis est tellement fin que je me demande avec quoi il encrait, les Rotring n'existaient pas à l'époque....
Mais il faut dire que c'est un dessin pour une couverture, il s'était donc particulièrement appliqué.
Il faudrait que je voie une autre planche d'Hubinon, car si je regarde uniquement ses albums souvent mal réédités, je trouve, mais cela n'engage que moi, que son style est peu naif.
En réalité, ce qui me dérange, ce n'est pas le prix des planches d'Hubinon mais plutôt le prix des planches de F. Bergèse que je trouve sous-évalué et pas du tout à la hauteur de la qualité de son travail.
Hubinon reste un des plus grands auteurs de BD réaliste de la période 1950-1980.
Il s'était lui-même inspiré d'un très grand dessinateur Américain Milton Caniff, maître du noir et blanc.
Et il ne faut pas oublier que Francis Bergèse a pris pour modèle Victor Hubinon. Et quand l'élève est bon, on sait qu'il égale et dépasse parfois le maître.
Nombreux sont les dessinateurs professionnels qui admirent le talent d'Hubinon, même si certains n'osent pas reconnaître parfois cette influence. De grands dessinateurs réalistes, lorsqu'ils étudient les planches de Victor Hubinon, avouent aujourd'hui être bluffés par le talent du vieux complice de Charlier.
Hélas, la beauté d'une planche réussie (ses beaux contrastes, l'équilibre de ses cases, de leur format, le choix des bonnes perspectives) est rarement restituée en album ou lors d'une publication en revue.
La réduction de format dessert les plus belles planches alors qu'elle avantage celles de moindre qualité sur le plan graphique (les défauts et erreurs de proportion sont atténués).
La qualité des trames, des contrastes en noir et blanc est rarement rendue en album, même lorsque celui-ci n'est pas en couleurs.
Quant à l'encrage, on ne peut réellement l'admirer que sur l'original lui-même.
A cela, il faut ajouter que la qualité de reproduction est aléatoire. Certains albums (que les collectionneurs achètent à prix d'or,) ont été réalisés de façon grossière (ils étaient destinés aux enfants et pas à un lectorat de bibliophiles) ; les couleurs sont parfois malvenues ; il n'est pas rare qu'elles soient décalées par rapport aux contours ou qu'il y ait des bavures.
Uderzo, que nous admirons tous a souffert de premiers albums (atteignant toutefois des cotes pharamineuses en eo lorsqu'ils sont en parfait état) aux couleurs hideuses chez Dargaud au début des années 60.
Hubinon fut victime (mais quinze bonnes années plus tôt) d'un certain manque de soin apporté aux albums pour la période 1950/1965.
On peut toutefois admirer l'art de Victor Hubinon (hormis les planches, mais comme elles sont rares et très onéreuses il faut se tourner vers d'autres supports) avec certaines pages en couleur de la série Barbe Rouge publiées dans le journal Pilote (les planches des 5-6 premiers titres sont splendides lorsqu'elles bénéficient de la couleur dans le Journal Pilote. La revue était d'un format supérieur à Spirou et Tintin, et le(s) coloriste(s) de la série Barbe Rouge a longtemps fait du bon travail.
On ne peut que regretter que les albums n'aient pas eu droit au format de la revue (soit environ 24x32, ce qui doit correspondre à la taille d'un volume de la collection Cockpit chez Paquet) et ce regret concerne également les autres séries de Charlier que sont Tanguy*, Blueberry et Tiger Joe entre autres (lorsque vous avez sous les yeux une page de Tiger Joe par Hubinon (re)éditée en couleurs dans Pilote au milieu des années 60, vous pouvez constater qu'elle est nettement plus belle en comparaison que la même page dans l'album en couleurs paru chez Lefrancq au milieu des années 80).
On imagine ainsi la qualité qu'auraient pu avoir certains albums de Buck Danny s'ils avaient bénéficié du grand format (Top Secret, Le retour des Tigres Volants, Alerte Atomique) ou seulement d'une mise en couleurs soignée (de la Guerre du Pacifique jusqu'à Escadrille ZZ environ).
Pour Buck Danny, les épisodes de la Guerre du Pacifique gagneraient à être réédités en format 24/32 : la lecture en serait plus aisée et les qualités graphiques des auteurs (Charlier s'y était collé un certain temps pour les avions et les navires) seraient davantage mises en valeur.
Je regrette d'autant plus certains choix des éditeurs que des auteurs moins doués qu'Hubinon, Gillain, Uderzo, Giraud, Hermann, ont depuis une bonne trentaine d'années bénéficié d'albums plus luxueux que ceux des grands classiques de la BD réaliste que je viens de citer.
* Actuellement, Uderzo a entrepris la réédition de la série Astérix dans une collection de prestige de grand format (30/40) ce qui me paraît excessif ; pour ma part, j'aurais préféré une réédition des Astérix et des Tanguy dans un format 24/32 plutôt qu'une intégrale Astérix en format géant (lourd, difficile à manipuler, et nettement plus cher qu'un album classique). Même chose pour Blueberry (seuls deux ou trois titres ont pu bénéficier du format 24/32 ou plus grand encore) alors que la série entière mériterait d'exister au format 24/32.
A signaler, en complément de ce que vient de dire Juliet Fox, que les éditions Michel Deligne ont publié les 3 albums de Tiger Joe en assez grand format Noir et blanc, à la fin des années 70 (voir une page sur mon site jmcharlier.com), et que là on voit plutôt bien la qualité du trait d'Hubinon (si on peut mettre la main sur ces albums, aujourd'hui introuvables je le crains).
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