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Survol des Chevaliers du Ciel (Partie 1)

La série s’ouvre sur l’arrivée de Michel Tanguy, héros loyal et courageux, et d’Ernest Laverdure, son complice gaffeur, à Meknès, leur première affectation à la sortie de l’école de pilote de Salon. Très vite, ils vont se révéler indispensables au bon déroulement de missions de plus en plus risquées. Toujours au fait des nouveautés techniques de l’aéronautique, grand connaisseur de l’histoire de son époque, suivant de près l’actualité politique, Jean-Michel Charlier concocte des récits aux multiples et spectaculaires rebondissements. Extrêmement documentés, ses scénarios sont d’une très grande crédibilité : sans aucun temps mort, les péripéties succèdent aux scènes d’actions aériennes formidablement bien ficelées, les gaffes de Laverdure détendent une atmosphère lourde par définition.
Albert Uderzo se révèle d’une incroyable productivité, ne cherchant cependant en rien la facilité : dans un style qui doit beaucoup à Milton Caniff, il met en image les histoires de Charlier avec efficacité et crédibilité. Le travail de documentation paraît d’une qualité quasi irréprochable : les deux auteurs s’informent sur des bases militaires, multiplient photographies et croquis. Ici réside une des raisons du succès de cette série : ils ont toujours su être en adéquation avec l’actualité, avec les innovations technologiques.

Voguant de succès en succès, tenant en haleine les lecteurs de "Pilote" de semaine en semaine, la série prend son envol très rapidement. Cependant, Albert Uderzo qui a réalisé huit albums de 1959 à 1966, est vite débordé par ses multiples travaux. Face au succès grandissant de son autre série, Astérix, il décide d’interrompre son travail sur Les Chevaliers du Ciel . Mais rien n’arrête la productivité de Charlier : avec Uderzo, il se met en quête d’un nouveau dessinateur. Plusieurs débutants sont testés : Jean Giraud (le dessinateur de Blueberry) et Marcel Uderzo (frère cadet d’Albert) participent à la réalisation du dernier Tanguy et Laverdure dessiné par Albert Uderzo, Pirates du Ciel. Rien de concluant n’en ressort. S’en confiant à Jijé, alias Joseph Gillain, quelle n’est pas la surprise de Charlier et Uderzo de s’entendre répondre que cette reprise l’intéresse ! Jamais personne n’aurait imaginé que ce chef de file reconnu de tous, auteur complet, créateur de Jerry Spring et de Valhardi, soit motivé par une série à caractère militaire et technologique.

Les styles graphiques de Uderzo et Jijé étant sensiblement différents, une expérience originale est tentée : les premières planches de l’épisode Mission spéciale seront réalisées par les deux en guise de transition. Etonnamment, les Editions Dargaud publieront cet album après Les Anges noirs, le premier album réalisé par Jijé sans Uderzo. Cette volonté transitoire n’aura donc concerné que les lecteurs de "Pilote". Beaucoup aujourd’hui disent regretter qu’Albert Uderzo ait arrêter Tanguy et Laverdure, que le dessin de Jijé n’était pas approprié à cette série : relativisons. Si le style d’Uderzo, marqué par l’américain Caniff, convenait très honorablement, la "patte" de Jijé, après quelques maladresses d’adaptations, sert à la perfection les histoires imaginées par Charlier. Jijé, spécialiste de représentations d’étendues sauvages, met son légendaire sens du mouvement au service de cette série d’aviation, il adapte son style à ces histoires ultra contemporaines.

Afin d’être le plus précis possible, il s’allie le jeune Daniel Chauvin comme assistant. Celui-ci se charge des décors techniques (avions, voitures...) sur la quasi totalité des albums dessinés par Jijé. De 1967 à 1980, Jijé réalise treize histoires. Notons que Charlier écrit un roman en 1971 mettant en scène ses aviateurs, ouvrage illustré par Jijé et publié dans la "Bibliothèque verte" ; et citons le diptyque Les Vampires attaquent la nuit et La Terreur vient du ciel, qui constitue très certainement une des meilleures histoires écrites par Charlier.